Si les nouvelles conditions d’utilisation de WhatsApp et l’attitude générale de Facebook vous ont passablement échaudé, vous avez peut-être songé — comme beaucoup d’autres — à désormais poursuivre vos discussions en ligne sur d’autres messageries, notamment Telegram. Cette messagerie a été créée par l’entrepreneur russe Pavel Durov, qui s’est construit une aura de défenseur des droits de l’homme après avoir résisté avec succès à la censure de sa plate-forme dans sa terre natale, en 2018. Mais est-ce suffisant pour délaisser WhatsApp au profit de Telegram ? Sur le plan de la sécurité et de la protection des données personnelles, ce n’est pas si simple que cela. Voici pourquoi.
1) Les conversations ne sont pas chiffrées de bout en bout par défaut
En matière de sécurité, le nec plus ultra est le chiffrement de bout en bout. Telegram le propose, mais il n’est pas proposé par défaut. Et franchement, il est même un peu pénible de l’activer. Sur iOS, par exemple, il faut aller dans la fiche de l’interlocuteur, aller dans la menu « Plus » et sélectionner « Démarrer un échange secret ». Une option que la plupart des utilisateurs ne doivent jamais activer, ce qui veut dire que leurs messages peuvent être interceptés et lus au niveau des serveurs de Telegram. Chez WhatsApp, au contraire, tous les messages sont chiffrés de bout en bout par défaut. Leur contenu ne peut donc pas être lu par un tiers.
2) Les messages de groupes ne peuvent pas être chiffrés de bout en bout
Chez Telegram, le chiffrement de bout en bout ne fonctionne qu’entre deux interlocuteurs. Pour des conversations de groupe, cette option n’est pas disponible. Chez WhatsApp, en revanche, tous les messages sont chiffrés par défaut, y compris ceux échangés dans des groupes.
3) La version Telegram Desktop ne propose aucun chiffrement de bout en bout
Sur la version poste de bureau de Telegram, l’option de chiffrement de bout en bout n’existe tout bonnement pas. Il n’est donc pas possible de poursuivre sur un ordinateur une conversation secrète initiée sur le téléphone, ce qui n’est pas très pratique. Chez WhatsApp, au contraire, on peut poursuivre une telle conversation sur un ordinateur, aussi bien au travers d’une application que d’un navigateur.
4) La protection des données personnelles n’est pas particulièrement élevée
Un rapide coup d’œil sur les conditions d’utilisation montre que la protection des données personnelles n’est pas d’un très haut niveau. Outre les données relatives au compte (numéro de téléphone et carnet d’adresses), Telegram stocke également certaines métadonnées comme l’adresse IP, les caractéristiques du terminal, l’historique du changement de pseudonyme, etc. Ces données peuvent être envoyées à Dubaï, où est domiciliée une filiale du groupe de Pavel Durov.
Au final, on voit que Telegram n’est pas mieux sécurisé que WhatsApp, et c’est même plutôt le contraire. Si vous voulez changer de crèmerie, mieux vaut donc aller voir ailleurs. Les applications Signal ou Olvid semblent être des alternatives plus appropriées.
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