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Vous n’avez rien compris à l’affaire TikTok ? On vous explique tout de A à Z

Dimanche 19 janvier, le réseau social chinois devait être bloqué aux États-Unis, en vertu d’une loi qui prévoyait son interdiction, à moins qu’il ne soit cédé à des actionnaires américains. Mais finalement, tout ne s’est pas passé comme prévu : retour sur les derniers épisodes de ce feuilleton qui n’est pas près de s’arrêter.

« TikTok is back ». Alors que samedi 18 janvier dans la soirée, TikTok n’était plus accessible aux États-Unis, la plateforme a finalement été en partie rétablie dans le pays, après des déclarations de Donald Trump. Si vous n’avez rien suivi à ce qui s’est passé ce week-end, voici ce qu’il faut en retenir.

Pourquoi TikTok a-t-il été débranché samedi soir ?

Samedi dans la soirée, impossible pour les quelque 171 millions d’utilisateurs américains de se connecter à leur compte TikTok. Alors que l’application avait disparu de l’App Store et du Play Store, la plateforme informait ses usagers qui cherchaient à s’identifier ou à se connecter qu’en vertu d’une loi interdisant TikTok, il n’était plus possible d’utiliser le réseau social, « pour le moment ».

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© 01net

Une loi signée en avril dernier par le président américain Joe Biden oblige en effet la maison mère chinoise de TikTok, ByteDance, à quitter le territoire américain, à moins qu’elle ne vende ses parts du réseau social à des actionnaires américains. L’opération devait avoir lieu avant le dimanche 19 janvier prochain, faute de quoi l’application utilisée par 170 millions d’Américains serait bloquée dans le pays. Ce qui explique que quelques heures avant la date butoir du 19 janvier, TikTok ait « débranché » ses services, ByteDance ayant toujours refusé de céder son réseau social.

Pourquoi cette loi ? Depuis des années, la plateforme est accusée d’être « le cheval de Troie du parti communiste chinois », sur fonds de compétition, voire de guerre commerciale et technologique entre la Chine et les États-Unis. TikTok, comme tous les réseaux sociaux, collecte les données personnelles de ses utilisateurs pour les monétiser. Or, l’administration Biden craignait, comme celle de Trump lors de son premier mandat, que ces dernières soient envoyées en Chine et transmises au gouvernement chinois, qui pourrait s’en servir pour espionner certaines personnalités, voire manipuler l’opinion.

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Après l’adoption de la loi en avril dernier, TikTok, utilisé par près d’un Américain sur deux, a multiplié les recours contre le texte. Le dernier appel était jugé vendredi 18 janvier par la Cour suprême, le tout se soldant par un rejet des demandes du réseau social. À partir de cette décision, tout laissait penser que pour la plateforme chinoise, le combat était bel et bien terminé. Le réseau, qui semblait jusqu’à présent refuser toute idée de vente forcée, devait quitter le territoire américain dès le 19 janvier. Mais…

Pourquoi TikTok a-t-il finalement été – en partie – rétabli ?

Mais dès le samedi, TikTok prévient, dans son message aux utilisateurs : « Nous avons la chance que le président Trump ait indiqué qu’il travaillera avec nous sur une solution pour rétablir TikTok une fois qu’il prendra ses fonctions ». Donald Trump, le président des États-Unis investi dans quelques heures ce lundi 20 janvier, avait en effet promis pendant sa campagne électorale de « sauver » le réseau social.

Et le message est arrivé dimanche 19 janvier, lors d’un rassemblement : « Franchement, nous n’avons pas le choix. Nous devons sauver (le réseau social, NDLR) », a déclaré le milliardaire, dont les propos sont rapportés par Reuters, ce lundi 20 janvier. Le futur chef d’État, qui a reconnu que l’application l’avait aidé à gagner la confiance des jeunes électeurs lors de l’élection présidentielle de 2024, a ajouté que les États-Unis cherchaient à créer une coentreprise pour restaurer l’application de partage de vidéos courtes.

De quoi entraîner le déblocage de TikTok. Quelques heures avant le rassemblement, la plateforme était, chez certains utilisateurs, de nouveau en partie accessible. Seuls quelques services de base fonctionnaient. Le message de la plateforme indiquait simplement que : « grâce aux efforts du président Trump, TikTok est de retour aux États-Unis ».

Dans un communiqué, la plateforme est venue préciser « qu’en accord avec nos fournisseurs de services, (elle) était  en train de rétablir le service ». La société remerciait également Donald Trump d’avoir « apporté la clarté nécessaire et l’assurance à nos fournisseurs de services qu’ils ne seront pas pénalisés (pour) avoir fourni TikTok à plus de 170 millions d’Américains et permis à plus de 7 millions de petites entreprises de prospérer ».

Le PDG du réseau social, Shou Zi Chew, et Donald Trump se sont-ils parlés ? Nul ne le sait, mais Donald Trump a ajouté qu’il allait prolonger « la période de temps avant que les interdictions de la loi ne prennent effet, afin que nous puissions conclure un accord pour protéger notre sécurité nationale ». En d’autres termes, il donnera plus de temps à TikTok avant d’appliquer une éventuelle interdiction. « Un sursis de 90 jours » après son entrée en fonction serait accordé à la société chinoise.  Donald Trump a souligné qu’aucune responsabilité ne serait engagée « contre les entreprises qui empêcheraient TikTok d’être débranchée ». Comme l’App Store et le Google Play, qui ont retiré la plateforme de leurs boutiques d’applications, dès samedi 18 janvier ?

Le président américain a ajouté qu’il aimerait que TikTok soit détenue par une coentreprise dans laquelle la moitié appartiendrait à des actionnaires américains, selon un message publié sur son réseau social Truth Social. Pas sûr que cela convienne à la Chine dans un contexte de guerre et de compétition technologique et commerciale.

Que va-t-il se passer ensuite ?

Lors de l’investiture, Shou Zi Chew, le PDG de TikTok, devrait être présent, selon une source de Reuters. Il faudra ensuite attendre le décret du président qui devrait tomber dans les prochaines heures pour connaître le sort de TikTok. D’ores et déjà, on sait que l’accès éventuel à l’algorithme de TikTok, par une entreprise américaine, sera âprement discuté.

Là aussi, des discussions parallèles semblent être menées avec, d’un côté, TikTok et le gouvernement américain, et de l’autre, le gouvernement chinois et Washington, selon des médias américains. La semaine dernière, on apprenait ainsi que Pékin et Washington discutaient d’un éventuel rachat de TikTok notamment par Elon Musk, sans que la plateforme n’en ait été informée – une information démentie par cette dernière.

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Des actions pourraient aussi être menées par les tenants de l’interdiction ou de la vente forcée de TikTok dans le pays. C’est par exemple le cas des sénateurs républicains Tom Cotton et Pete Ricketts, qui ont déclaré, dans un communiqué, qu’il « n’y avait aucune base légale pour une quelconque “extension'”de (l)a date d’entrée en vigueur de la loi ». « Pour que TikTok revienne en ligne à l’avenir, ByteDance doit accepter une vente qui satisfasse aux exigences de la loi (…) en rompant tous les liens entre TikTok et la Chine communiste », ont-ils poursuivi.

Enfin, des acheteurs potentiels pourraient se manifester. La startup américaine Perplexity AI aurait fait une offre à ByteDance samedi 18 janvier, selon une source de Reuters. La saga TikTok aux États-Unis est donc loin d’être terminée.

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