Si vous êtes comme moi, vous faites un usage très basique de votre cuisine. De petite taille, l’endroit vous sert essentiellement à entreposer la nourriture, à maintenir au frais quelques denrées particulières (boissons, essentiellement) ou à réchauffer rapidement des plats déjà cuisinés. En somme, votre cuisine n’est qu’un des éléments fonctionnels de votre habitation, qui ne se distingue pas par son caractère technologique ou avant-gardiste.Et c’est bien dommage, car vous vous contentez ?” sans le savoir ?” d’une cuisine digne du Moyen-Age. Heureusement, les choses vont changer, notamment grâce au projet Counter Intelligence du MIT. Ce projet ambitieux vise à entièrement repenser la cuisine, qui n’est plus perçue comme une pièce utilitaire et quelque peu laissée pour compte, mais bel et bien comme l’élément central de toute habitation qui se respecte. Un ” centre de vie ” doté de fonctions sociales, éducatives ou cognitives, dans lequel, évidemment, la technologie est omniprésente.Au menu du projet, tout un ensemble de fonctionnalités ou de recherches qui visent à améliorer nos vies de tous les jours. Prenez le four, par exemple. Doté d’une caméra interne, il vous permettra de suivre la cuisson de vos plats sur tout écran de la maison, ou même sur les murs sur lesquels seront projetées les images.La table ? Oubliez le formica et les pieds en fer blanc. Elle sera ” intelligente et adaptable “. C’est-à-dire que sa hauteur s’adaptera à la taille des convives, grâce à ses pieds téléscopiques, qui lui permettront même de se transformer en table basse. Il en sera de même pour sa largeur, car elle pourra se déplier horizontalement pour accueillir davantage de convives. Ah oui, elle intégrera aussi un écran permettant de lire et d’envoyer des e-mails, ce qui est la moindre des choses pour une table de cuisine.Quant aux tasses ou bols, ils seront bien sûr équipés de capteurs thermo-électriques et d’écrans LCD qui vous préviendront de la température des liquides. Ou même de la qualité de ces liquides. Il faudra apprendre à écouter votre bol lorsqu’il vous dira que le lait qu’il contient a tourné.Et si le bol a mal fait son office de goûteur, vous aurez recours aux cuillères renifleuses. Celles-ci étudieront en permanence la composition bactériologique des aliments avec lesquels elles sont en contact ou, pire, préviendront que les aliments sont trop sucrés, trop salés ou inadaptés à votre régime, et vous le feront savoir via des écrans muraux ou à grand renfort d’alertes sonores.L’ordinateur central (!) de la cuisine sera doté d’une interface sophistiquée permettant de naviguer visuellement au sein d’une base de données de recettes. Et il sera en réseau avec les ordinateurs d’autres cuisines (sans qu’on sache dans quel but).Bref, la cuisine de demain proposera une expérience nouvelle. Je ne suis pas avare d’expériences et je reconnais que ma cuisine, comme le déplore le MIT, est un peu dangereuse et mal organisée, mais je redoute l’aspect extrémiste de cette démarche. Je vois d’ici les situations loufoques, parfois dignes d’un film de Jacques Tati, provoquées par un dérèglement du système, un paramétrage un peu rapide ou tout simplement un événement imprévu.En outre, les expérimentations en cours donnent semblent correspondre davantage à une version américaine de la cuisine, dans laquelle “on mange des plats exotiques d’Amérique du Sud, avec des couverts italiens et dans des assiettes provenant de Chine, tout en regardant les actualités télévisées et en téléphonant à un ami au Canada ” (sic).Certes, il faut bien s’habituer au fait que notre monde s’apparente chaque jour en peu plus à celui décrit par les auteurs de science-fiction. Mais j’ai, pour ma part, encore du mal à me faire à l’idée de boire dans des Palm Pilot en forme de tasse à thé. Je me contenterai très bien d’un frigo dont la porte ferme correctement et d’un évier qui ne fuit pas.
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