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Voteriez-vous pour leur site ?

Ils s’entraînent déjà pour la finale du 5 mai 2002, enchaînant direct du gauche et crochet du droit par écrans interposés. Le candidat “probable” et le…

Ils s’entraînent déjà pour la finale du 5 mai 2002, enchaînant direct du gauche et crochet du droit par écrans interposés. Le candidat “probable” et le candidat virtuel n’ont pas encore leur site officiel, mais les pages du PS et du RPR rameutent dès maintenant leurs supporters. Lionel Jospin, dans l’interview exclusive qu’il nous a accordée à la veille du combat, parle d’internet aux internautes. Jacques Chirac, lui, préfère pour le moment laisser le micro et le “mulot” à ses seconds couteaux… Dernière étape de notre tour du web pré-électoral.

Le réseau du mulot

“Pour l’interview, finalement, ce sera non. Nous avons lu les premiers épisodes de votre enquête, et… nous préférons ne pas y figurer… Et puis, le président n’a rien de nouveau à dire sur internet et les nouvelles technologies.” L’Élysée, qui n’était a priori pas hostile à une interview, a donc changé d’avis après avoir lu les premiers articles de notre série consacrée aux candidats à la présidentielle. Est-ce dû à une question de timing, à l’idée de se retrouver face à face avec Lionel Jospin dans nos colonnes, ou au sujet ? Ce n’est de toute façon que partie remise. Le Nouvel Hebdo reste évidemment ouvert à Jacques Chirac, comme à tous ceux qui sont et seront officiellement candidats : nous reviendrons d’ailleurs dans quelques semaines sur cette élection majeure et sur les propositions des candidats.Apparemment anodin, le site web www. 2002pourlafrance.net se présentait, il y a quelque temps, comme un lieu de pur débat démocratique et une libre tribune favorisant les échanges sur les échéances électorales de 2002, le tout sans parti pris politique affiché. Ce qui ne l’empêchait pas de faire cette demande étonnante aux internautes : “Racontez-nous vos pires souvenirs depuis cinq ans.” Cinq ans, c’est-à-dire la durée du gouvernement Jospin. Ce n’est qu’en plongeant dans l’arborescence du site qu’on finissait par mieux comprendre : il est en fait dirigé par Serge Lepeltier, secrétaire général du RPR…

Happy birthday, Jacques !

Depuis, les choses se sont clarifiées : le site prône d’emblée l’union de l’opposition et la critique frontale du gouvernement Jospin. Sur le web, l’un des pivots du réseau Chirac est l’AJC, l’Association des amis de Jacques Chirac, orchestrée par le compagnon de toujours, Bernard Pons, qui fut de toutes les batailles, et ne veut pas rater la prochaine. “Nous avons offert ce site à Jacques Chirac pour son anniversaire, le 29 novembre 1998”, précise Yves Marek, 38 ans, responsable du site et conseiller culturel au Sénat. “C’est un outil très précieux pour structurer notre réseau et préparer la campagne.” Mais en quoi www.2002pourlafrance.net se distingue-t-il du site officiel du RPR ? “N’étant pas un parti, nous bénéficions d’une grande liberté de mouvement. Et comme ?” hélas ! ?” les gens se méfient des partis, nous pouvons toucher une cible plus large : tous ceux qui aiment Chirac et veulent s’engager derrière lui, sans pour cela prendre leur carte du RPR.”Autre atout du site, son nom : “Le Mulot”, allusion à la marionnette de Chirac sur Canal Plus, si peu branchée informatique qu’elle confondait souris et mulot…“À cause de cette histoire de mulot, personne à l’Élysée ne voulait que Chirac s’occupe des nouvelles technologies, et les responsables du web de la présidence n’arrivaient pas à faire avancer les choses. Notre site, dont l’esthétique et le nom jouent la décontraction, a permis une évolution notoire.”Sur www.RPR.org, pas de complexe non plus. On ne prend pas de gants, si ce n’est pour monter sur le ring : à part un lien vers la page Projet, on travaille le contre plus que le pour…Priorité à la critique tous azimuts de Lionel Jospin, dont les “ratages” apparemment innombrables sont recensés avec gourmandise, et les ministres dévorés à belles dents. Sécurité, justice, 35 heures, retraites… le site du RPR tire à boulets bleus blancs rouges sur le candidat “probable”. Coup de grâce : un texte assassin intitulé “Le (dépôt de) bilan Jospin”, consultable en ligne et en téléchargement.Au rayon mécanique, après une page d’accueil permettant de “sauter” une animation Flash au chargement lent mais fort bien conçue, on peut trouver toutes les informations nécessaires sur la vie et l’organisation du parti, dans des pages à l’esthétique minimaliste mais permettant une navigation aisée. Quel webmestre musclé tient-il les manettes de cette machine de guerre ? Il nous attend boulevard de Latour-Maubourg, dans un immeuble majestueux proche de la Seine. Mais il ne semble ni spécialement musclé, ni foncièrement méchant. Sandrine Baratault, responsable du site du RPR, est une très belle jeune femme brune de 34 ans, à la démarche décidée. Sous le contrôle de Christian Estrosi, secrétaire national à l’animation, elle dirige une équipe de trois personnes travaillant d’arrache-pied à la réactualisation quotidienne du site.Mettre en ligne les discours d’Alliot-Marie, Sarkozy, Devedjian et du “contre-gouvernement” RPR, répondre ou faire répondre à des centaines d’e-mails, organiser les forums thématiques proposés tous les mardis par le site aux 1 000 visiteurs quotidiens, préparer avec un prestataire une nouvelle version du site “plus dynamique et plus lisible”, il faut pour cela une énergie que seule donne la foi…“Je m’occupe du site depuis 1999, mais j’ai commencé à militer au RPR à 22 ans : je ne suis donc pas là par hasard !” Commerciale dans la pub, puis chargée de mission auprès de Philippe Séguin, alors président de l’Assemblée nationale, Sandrine rame pour aller pêcher l’information à la source, à la tête du parti : “Il faut toujours les ” booster “, c’est fatigant… Les politiques, ce ne sont vraiment pas des internautes !” Pour la nouvelle version du site, Sandrine veut jouer la carte de l’interactivité : “Le RPR étant une machine à faire campagne, nous devons absolument organiser des ” chats “…” Elle concocte aussi une page d’accueil en forme de journal, plus branchée “actu” et plus attirante. Ce qu’a déjà fait le parti socialiste, sur www.Parti-socialiste.fr

Dérapages contrôlés

À ce propos que pense-t-elle du site PS ? “Il a du contenu, mais à part ça, zéro pour la navigation : je me demande comment les socialistes peuvent faire un site aussi nul !” Et les Verts ? “Leur site est aberrant, d’une totale nullité ! Un brouillon illisible !” Conclusion : “En général, les sites de gauche sont vraiment mauvais.” On avait compris… La webmestre du RPR n’est peut-être pas méchante, mais elle ne fait pas dans la dentelle.En ce qui concerne ses petits soucis, même franc parler : “Un jour, quelqu’un, après avoir acheté le nom de domaine Filsdepute.com, a automatiquement redirigé ses visiteurs sur le site du RPR, ce qui nous a valu 10 000 connexions en quelques jours ! Heureusement, nos avocats ont vite réglé ça…” Et sur le forum, pas de malaise ? “Non, les interventions sont contrôlées par un modérateur, pour que ça ne dérape pas dans les insultes. Nous ne sommes pas comme le PS, où ce sont des spécialistes de l’autoflagellation. Exemple : jai envoyé à leur forum des critiques sur le gouvernement Jospin, et vous savez quoi ?” Non, nous ne savons pas. “Eh bien, ils les ont publiées !” I-ni-ma-gi-na-ble…

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La rédaction