Fenêtre sur bunker
Le siège du Parti communiste français, place du Colonel-Fabien, à Paris semble à première vue aussi accueillant que son site ( www.pcf.fr). Un site utilitaire, tendance laborieux, dont le moins que l’on puisse dire est qu’il ne fait pas de claquettes pour attirer le chaland…Austère barre de navigation (rouge, bien évidemment) et comptes rendus de sessions du Conseil national trônent en page d’accueil. Pas très avenant tout cela ! Au saint des saints, ça ne rigole pas non plus. Le siège du PCF est un grand immeuble fonctionnel et massif, posé sur une immense dalle de béton. Et tout autour, en guise de bienvenue, sont disposées… des barrières.
La reddition des cadres
Pourtant, dans le hall monumental du bunker-PC, de petits groupes discutent avec le sourire et vous accueillent en toute décontraction… Un beau contraste.Comme sur www.pcf.fr où, si l’on se décide à plonger dans le forum proposé par le site, on s’aperçoit que les militants ne vous claquent pas la porte au nez, et qu’ils n’ont pas la langue clouée au palais…Fabrice Chailloux, 33 ans, webmestre du PC, titulaire d’une maîtrise de mathématiques et ancien fonctionnaire à la mairie de Bondy, où il écrivait les discours d’élus communistes, n’a pas le look grisâtre. Cheveux courts, diamant dans l’oreille, calme et souriant, il roule ses cigarettes en répondant à nos questions avec une spontanéité étonnante. “Au siège du PC, où tout le monde bénéficie depuis 1999 d’une connexion illimitée, certains responsables ont grincé des dents ! L’accès généralisé à l’information, la possibilité offerte à de nombreux permanents et fédérations locales de lire et de modifier en ligne des documents internes à l’usage des militants, tout cela diluait le pouvoir au sein même du Parti. Quand certains ont vu que de petits nouveaux, ou même leur secrétaire, en savaient plus qu’eux sur certains dossiers grâce à internet, ils ont tout de suite voulu s’y mettre !”La fameuse “mutation” du PC fut-elle aisée ? “Certains étaient très méfiants au début, bien à l’abri dans leurs petits bureaux et dans leur réseau de contacts habituels. Le net les a obligés à élargir leur horizon. On a organisé des stages de formation et, maintenant, l’outil web est beaucoup mieux compris et apprécié.”Autosatisfaction, donc ? “Non, notre site, très utile pour les militants, n’est pas encore assez ouvert à l’extérieur et aux non-initiés en politique.” Autocritique, suite ? “Nous ne sommes pas encore assez à l’écoute de certains problèmes de société : toxicomanie, homophobie, pollution… On a raté deux ou trois trains avec nos conneries, notamment celui du féminisme !”
Robert veut surfer
Fabrice, avec l’aide de prestataires extérieurs et d’une journaliste à plein-temps, s’occupe également de la conception du site du candidat communiste à la présidentielle (www.roberthue.info), qui sera mis en ligne à la fin du mois de décembre. Programme, chats, vidéos, Fabrice Chailloux promet de mettre le paquet !Et Robert, est-il branché ? “Il est convaincu de l’importance d’internet. Plusieurs fois, il m’a dit : ” Il faut que tu me fasses une formation, Fabrice ! “. Mais chaque fois, le rendez-vous saute, faute de temps…”
Les écolos vont piano
“A Seattle, la résistance citoyenne s’était mobilisée en direct sur internet. Les manifestations ont été une réussite grâce au réseau.” Le candidat Noël Mamère apprécie en professionnel de l’information les qualités d’internet, même s’il reconnaît volontiers cantonner son utilisation personnelle à l’envoi d’e-mails plutôt qu’à la consultation de sites. Une pratique mesurée de la toile qui ne l’empêche pas de suivre de près la construction de son site officiel ( www.noel-mamere.eu.org), qui verra finalement le jour le 17 décembre 2001. Pour l’instant, l’adresse www.mamere2002.com se contente de rediriger vers le site du Parti, www.ecolos.com/presidentielle.htm. Une mise en ligne relativement tardive, que ses proches justifient par un souci de bien faire. “J’attache beaucoup d’importance à la présentation du texte et à la charte graphique, poursuit Noël Mamère. Et je tiens à ce que l’internaute dispose de nombreux liens pour l’aider à se faire une opinion.” Et d’annoncer sur le site à venir, outre les classiques agendas et discours, des dossiers thématiques, comme la question sur le logiciel libre. Il dénonce également la récente loi sur la sécurité, et son volet internet qu’il qualifie de “risque de flicage permanent”. Reste à savoir si ce discours de début de campagne s’enrichira par la suite de propositions consacrées au net.
Nicolas Arpagian
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