Peut-on, en 2024, lancer un SUV 100 % électrique présenté deux ans auparavant ? Oui, a démontré Volvo mercredi 4 septembre, depuis son nouveau centre « World of Volvo » de Göteborg en Suède. En amont d’un « Capital Markets Day » organisé le lendemain, dans lequel le constructeur compte répondre aux questions de ses investisseurs, voilà qu’il a confirmé le lancement des livraisons de son EX90 à la fin du mois, un modèle qui dévoilait ses lignes en 2022.
Il est la version 100 % électrique du XC90, mais n’en reprend pas le même design, pousse plus loin les équipements de sécurité, et hérite d’un habitacle imaginé suivant les nouveaux codes de la marque, façon EX30. Comprenez par là, sans bouton physique, et avec des informations rassemblées sur la console centrale, et non derrière le volant. Le tout, avec malheureusement de multiples bugs qui ont retardé son lancement.
Volvo retire son objectif électrique pour 2030
Pour l’accompagner, Volvo a dévoilé le XC90 restylé. Une génération du SUV qui se lançait sur les routes en 2015, et qui ne compte pas sortir de la gamme. Le signe que l’hybride a encore son mot à dire chez Volvo, qui confirmait le 4 septembre qu’il écartait l’objectif de ventes 100 % électrique d’ici 2030. Sn directeur général, Jim Rowan, réitérait devant un parterre de journalistes à Göteborg que la marque allait continuer de proposer les produits « que nos clients veulent ».
« On prendra quelques années de plus » annonçait-il, alors que lui-même arrivait chez Volvo en 2022, pour la présentation de l’EX90, avec toutes les ambitions possibles pour mener à bien ce projet. La réalité économique en a vu autrement. Mais ce n’est pas une raison pour que le XC90, présenté ce jour, arrive avec de nouvelles motorisations hybrides. Malgré son âge, le SUV familial de sept places reprend les mêmes moteurs, avec une autonomie en tout électrique de 70 kilomètres seulement.
Résultat, pour 2030, il faudra plutôt compter entre 90 et 100 % des ventes de modèles 100 % électriques dans la balance, annonçait Volvo à Reuters mercredi 4 septembre. Pour l’année prochaine, ce sera entre 50 et 60 % d’exemplaires vendus électrifiés. Des objectifs timides malgré la bonne croissance de la marque sur la motorisation grâce à son EX30 un modèle qui est devenu le Volvo le plus vendu en France.
Sur le second trimestre 2024, les ventes en 100 % électriques représentaient 26 % des 205 400 voitures vendues de la marque dans le monde entier, dans un contexte où les ventes en électrique ont augmenté de 30 % d’une année sur l’autre, et que les ventes globales augmentaient de 13 % sur les sept premiers mois de l’année. En revanche, au premier trimestre, les bons de commande se mettaient en berne, avec 16 % de baisse.
Le signe que Volvo aussi doit se plier à la réalité du marché, où les ventes en électrique s’essoufflent. En interne, ce n’est pas la seule raison : depuis quelques mois, le Volvo EX30 ne peut plus accéder au bonus écologique du fait de sa production en Chine, et l’Europe menace toujours les constructeurs en Chine à des frais de douane très élevés. Le nouveau EX30 doit être rapatrié en Belgique, mais Volvo n’a pas de visibilité sur son calendrier pour le moment.
« Les moments qui n’arrivent jamais sont ceux qui comptent le plus »
En attendant, le constructeur suédois continue de communiquer sur ce qui lui a jusque-là réussi : la sécurité routière. Dans le cadre du lancement de son nouvel EX90, Volvo a sorti une vidéo de plusieurs minutes, particulièrement réussie qui prône à nouveau l’importance d’une voiture sûre pour être en mesure de vivre les moments les plus précieux de la vie.
Le slogan est tout aussi frappant : « parfois, les moments qui n’arrivent jamais sont ceux qui comptent le plus » s’affiche à l’écran, pour contraster avec un récit où l’évitement d’un accident a laissé cours à la vie, avec la possibilité de donner naissance, faire d’un couple de jeunes parents, et permettre à leur fille de grandir et devenir une femme.
Le nouvel EX90 est ainsi présenté comme étant le plus sûr de toutes les Volvo. Pour aller plus loin, il embarque de nouveaux capteurs, tournés vers l’avant de la route. Ils se positionnent dans un module situé au-dessus du pare-brise, et Volvo ne se cache plus d’un tel dispositif. Au point de remarquer très vite que le XC90 n’en dispose pas… Comme un moyen de hiérarchiser la gamme, mais aussi de décrédibiliser le discours de la marque sur la sécurité.
« Les moments qui n’arrivent jamais sont ceux qui comptent le plus » risque de rester dans la tête de la direction de Volvo. En retardant son EX90 de deux ans, la marque s’est peut-être bien évité des mois de production sans succès auprès des clients, à la manière de ce que peut connaître Volkswagen actuellement. Car les moments qui n’arrivent jamais et qui comptent le plus… c’est aussi celui de passer au tout électrique quand le marché n’en veut toujours pas.
Mais lancer ces deux mastodontes en 2024 n’arrivera pas sans difficulté. Le XC90 n’est pas le plus avancé en matière d’autonomie en 100 % électrique, et le EX90 doit faire face à des Model X, BMW iX, des Mercedes EQS mais aussi des modèles moins chers comme la Kia EV9. Avec sa batterie de 107 kWh, l’EX90 a enregistré une autonomie de 614 km, selon le cycle WLTP. L’objectif est grand, car la voiture fait 2 700 kilos sur la balance.
Plus tard, nous aurons droit à une autre déclinaison dans la gamme « 90 ». Il s’agira de la ES90, une berline qui reposera sur la même plateforme que la EX90, autrement dit la plateforme Premium EPA, qui fait aussi office de base pour la Lotus Eletre. Son objectif : remplacer la S90, une berline que Volvo retirait de sa gamme en France en 2020, faute de succès. Nous devrions pouvoir la trouver l’année prochaine, alors que sa présentation est prévue pour le mois de mars. À voir si le « EM90 », le monospace haut de gamme de Volvo, suivra la mouvance.
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Et quid des breaks Volvo qui ont fait sa réputation et dont je suis fan!