Les difficultés économiques de Volkswagen se poursuivent après que le constructeur allemand ait vu l’un de ses principaux paris sur les batteries de voitures électriques européennes s’effondrer. Northvolt, développeur et fabricant suédois de batteries, risque de mettre à mal la souveraineté européenne après sa mise au régime du chapitre 11 sur la loi des faillites. La startup ne restera que startup, et ses plans de leader industriel sur le vieux continent, bouclier face à la concurrence asiatique et notamment chinoise avec CATL, viennent effacer dix ans de développement.
Dans son capital, Volkswagen avait atteint, en 2022, une part de 1,4 milliard d’euros de participation. Le constructeur allemand misait sur Northvolt avec un investissement massif, qu’il a peu à peu réduit sur les deux dernières années, puisque le montant de ses parts s’évaluait à 693 millions d’euros fin 2023, avant que cette valeur « chute de façon spectaculaire au cours de l’année 2024 », ont cité des personnes proches du dossier à l’agence Reuters. Une information que Volkswagen s’est bien gardé confidentiel, pour le bien de Northvolt, mais aussi de ses comptes, alors que le groupe automobile menace aujourd’hui de fermer des usines en Allemagne pour réduire ses coûts.
Les personnes interrogées par l’agence britannique ont néanmoins signalé que la faillite de Northvolt n’aurait pas de conséquences dans les comptes de Volkswagen, du fait que la réduction de sa participation a eu lieu avant celle-ci. Cela ne veut pourtant pas dire que la marque n’en ressortira pas perdante, face à la dépréciation de la valeur de la startup suédoise sur ces derniers mois. À l’époque, Volkswagen possédait 21 % de son capital, ce qui faisait de la société le plus gros actionnaire de Northvolt.
La chute de Northvolt
Pour éviter la crise, l’industriel en devenir avait cherché, en septembre dernier, de limiter ses coûts en supprimant 1 600 salariés, soit environ 20 % de ses objectifs. Northvolt avait par la suite vendu ses actifs issus de l’acquisition de Cuberg en 2019, qui était devenue sa filiale dans le développement du lithium métal, à San Francisco. Avec une telle chimie, Nortvolt voulait repousser les capacités de la densité énergétique des batteries. Un système qui fut rattrapé par la difficulté de combiner cette densité avec une recharge fiable et une gestion sécuritaire des cellules.
Sans Northvolt sur le paysage industriel européen, il n’y aura donc pas de projet de giga-usines à travers l’Europe, pour la fabrication de batteries. Malgré les milliards d’euros injectés (environ 14 milliards) dans le projet, c’est bien un échec que l’Europe doit aujourd’hui essuyer. Northvolt aura, avec le manque de demande dans la voiture électrique, cramé jusqu’à 100 millions d’euros par mois avant de tomber. Au mois de juin dernier, un autre constructeur automobile allemand s’était retiré du projet. Il s’agissait de BMW, qui avait signé un contrat pour 2 milliards d’euros de batteries, qui n’auraient pas pu être livrées à temps.
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Source : Reuters