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Voiture électrique à 100 euros par mois : pourquoi ça n’arrive toujours pas ?

L’offre de leasing social est un casse-tête pour le gouvernement, et risque de devenir un mirage pour les consommateurs.

Promise depuis de longs mois par Emmanuel Macron en personne, l’offre de location subventionnée pour une voiture électrique à 100 euros par mois peine à voir le jour. Nos confrères de Challenges ont fait le point sur l’élaboration de cette offre, à quelques mois de sa possible entrée en vigueur. La partie s’annonce compliquée pour le gouvernement qui rencontre bien des difficultés pour ficeler l’offre.

Souvenez-vous, c’était en octobre dernier, au premier jour du Mondial de Paris. Le président de la République, après avoir fait le tour des stands des constructeurs hexagonaux, faisait une promesse pleine d’espoir pour des milliers de foyers modestes : celle d’une offre de location à 100 euros par mois, pour une voiture électrique. Ce « leasing social » qui devait être mis en place début 2024 ne cesse d’accumuler du retard, mais Challenges croit savoir que le gouvernement souhaite le lancer au mois de novembre prochain. Mais entre les vœux d’un exécutif embourbé dans la contestation sociale liée à sa réforme des retraites et les réalités économiques d’un secteur industriel, il y a un gouffre qui parait difficilement franchissable dans un délai de huit mois.

La Dacia Spring ou rien ?

Bien entendu, c’est l’équation économique complexe qui rend l’opération complexe. La Peugeot e-208, voiture électrique la plus vendue en France l’an dernier, débute à 34 800 euros, soit un tarif inabordable pour une partie des ménages. L’idée d’un leasing social est donc intéressante, mais pour qu’un financement garanti par l’État puisse advenir, il convient de trouver des véhicules compatibles avec le budget. Or celui-ci est déjà établi. Il a été intégré dans la loi de finances à hauteur de 1,3 milliard d’euros.

Naturellement, pour trouver des partenaires, le gouvernement s’est d’abord tourné vers les constructeurs nationaux. Mais dans leurs catalogues, un seul modèle semble compatible avec l’offre du gouvernement, la Dacia Sping que la marque low cost de Renault propose déjà en location à partir de 120 euros/mois. Une Renault Zoé par exemple, qui aurait pu être une alternative crédible, se négocie à 263 euros de loyer mensuel en LDD de 37 mois avec un apport de 7 500 euros (bonus écologique déduit).

Mais surtout, la Spring comme d’autres véhicules électriques accessibles, tels que la MG4, a un inconvénient : elle est fabriquée en Chine. Or, le souhait du gouvernement serait de privilégier la filière nationale. Si l’on prend en compte cette donnée, les seuls véhicules éligibles devraient être la Twingo ZE (actuellement à 170 euros/mois) ou la Peugeot e-208 (à 208 euros/mois), mais ces prix sont trop élevés pour le projet de voiture à 100 euros par mois. Surtout, le compromis semble impossible entre les différentes parties. Dans son article, Challenges cite une source anonyme qui confirme la différence de points de vue : « le tarif minimum que les constructeurs auraient pu concéder sur des voitures neuves tournerait entre 150 € et 180 € par mois ».

Le casse-tête des solutions alternatives

Face à ce qui semble être une impasse, le gouvernement d’Elisabeth Borne réfléchirait à d’autres solutions. L’une des pistes privilégiées serait celle des voitures d’occasion. « Étant donné le prix des véhicules neufs, le leasing social est évidemment plus simple sur les modèles de seconde vie », explique François Brabander, président de Sesamlld, syndicat des entreprises de services automobile en LLD. Là encore, les calculs sont mis à l’épreuve des faits. Actuellement, la demande en véhicules d’occasion est plus forte que l’offre, ce qui fait grimper les prix. En outre, il y a le problème de la décote de la valeur de la voiture qui n’est pas identique sur ses trois premières années de commercialisation et sur les suivantes. Enfin, de manière générale, l’offre de voitures électriques de seconde main est très faible, ce qui parait normal compte tenu de l’offre relativement récente sur ce type de motorisation.

L’alternative pour le gouvernement ? S’en remettre aux flottes des entreprises publiques. En effet, ces modèles, essentiellement des Renault Zoé, utilisées par des services de l’État, ne rentreraient pas sur le marché de l’occasion, mais seraient préemptées pour alimenter le programme de leasing social. Concrètement, l’État chapeauterait des entreprises chargées de reconditionner ces véhicules et de les louer. Il serait alors le garant du financement des loyers. Concrètement, la Zoé de votre facteur pourrait un jour être remise en état pour vous être louée. Cette solution est sérieusement envisagée, mais elle ne résout pas tous les soucis du gouvernement. Elle permettrait d’assurer la location de 20 000 à 30 000 véhicules et de lancer le dispositif dès novembre, mais on serait encore loin des 100 000 voitures électriques par an visées par le projet.

Des solutions convaincantes ?

Pas à une originalité près, le gouvernement aurait même envisagé l’option du rétrofit. Cette pratique assez peu répandue consiste à transformer une ancienne voiture thermique en véhicule électrique et la France compte quelques entreprises expertes en la matière. Mais la filière est encore jeune et les modèles envisagés ne font pas rêver. Sans vouloir lui manquer de respect, est-on vraiment certain du potentiel de séduction d’une ancienne Kangoo électrifiée ?

Face à la complexité du dossier, la solution la plus crédible, à l’heure actuelle, risque de faire beaucoup de déçus. Il s’agirait de bâtir l’offre de leasin social autour de modèles tels que la Citröen Ami, la Renault Twizy ou encore la Ligier Myli… des micro citadines sans permis. Autre point important : il ne s’agit pas de voitures électriques à proprement parler, mais de quadricycles à moteur et même si une homologation permet de les transformer en quadricycles lourds, il n’en demeure pas moins que leur usage reste limité. Selon Challenge, un comité interministériel (ministère des Transports, ministère de la Transition écologique, ministère de la Transition énergétique et secrétariat général à la Planification écologique), va être mis en place dans les prochains jours pour étudier l’intégration de ce type de véhicules dans le dispositif de leasing social.

Six mois après cette déclaration, la promesse présidentielle semble ne tenir qu’à un fil. Les détracteurs d’Emmanuel Macron rappelleront qu’il s‘agit d’une coutume lorsque son gouvernement s’attaque à la voiture électrique. Les engagements sur le crédit à taux zéro ou sur l’implantation de 100 000 bornes avant la fin 2021, donnent lieu à des bilans pour le moins contrastés. Il reste encore quelques mois au gouvernement pour trouver un montage financier permettant la mise en place la voiture électrique à 100 euros par mois. Mais les solutions actuellement envisagées pourraient avoir du mal à convaincre les intéressés.

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Source : Challenges