Comment définir la religion ? C’est l’action de croire à un postulat qui n’est pas, ou pas encore, démontré. Il s’agit d’un acte de foi. En ce sens, on peut dire que la ” gadgetmania ” est devenue la religion de la Silicon Valley. Beaucoup de gens y utilisent, dans leur vie quotidienne, un tas de gadgets électroniques dont l’intérêt ne saute pas immédiatement aux yeux.Un exemple entre tous, la folie des ordinateurs de poche. En ce qui me concerne, leur capacité à changer ma vie s’est vite émoussée depuis que j’en ai cassé trois d’affilée. D’autant que l’agenda papier garde un avantage sur le Palm : son architecture plie, mais ne rompt pas.Tout cela va bientôt changer. J’entrevois les prémisses d’un avenir radieux pour l’un des gadgets censés nous simplifier la vie : le visiophone. Jusqu’à maintenant, cet appareil n’a pas décollé commercialement. “ C’est la grande déception de ces dernières années“, admet Andy Grove, l’ex-PDG d’Intel. Il n’a pas tort. La technologie est en partie responsable, car elle arrive tout droit du Paléolithique. Mais il n’y a pas que ça. Certains utilisateurs potentiels se demandent s’il est utile d’être vu chez soi en petite tenue, surtout quand on est impliqué dans une discussion d’affaires. Sans parler des conversations amoureuses…Paradoxalement, c’est peut-être la guerre en Afghanistan qui va donner le coup de pouce décisif à la visiophonie. Sur de nombreuses chaînes américaines, les journalistes couvrent les événements en direct, grâce à un dispositif satellitaire ultrasophistiqué. Certes, ce n’est pas à la portée du premier venu. Mais déjà, dans les grandes surfaces de la Valley, il n’est pas rare de voir des consommateurs se précipiter pour acheter des visiophones. Est-ce à dire que, lorsqu’on voit les choses par le truchement d’un appareil électronique, on est tenté de leur accorder foi ? Sans doute. Voir, c’est croire, fût-ce au prix d’une confiance… aveugle.
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