Les jours du lecteur multimédia VLC sur l’App Store d’Apple sont-ils comptés ? C’est ce qui pourrait résulter de la polémique, virant même à l’imbroglio juridique, qui fait rage depuis une semaine. C’est à ce moment que Rémi Denis-Courmont a envoyé à Apple une notification officielle pour l’informer que la version iOS (iPad, iPhone, iPod touch) de VLC Media Player enfreint ses droits d’auteur au regard de la licence GPLv2 sous laquelle est publié ce logiciel open source.
Selon Rémi Denis-Courmont, les conditions d’utilisation de l’App Store établissent des règles qui sont en contradiction avec les principes de la licence de VLC qui stipulent notamment qu’il est interdit de restreindre l’usage du logiciel. M. Denis-Courmont est soutenu dans sa démarche par la Free Software Fondation (FSF), qui a déjà croisé le fer avec Apple à propos du jeu GNU Go qui a fini par être retiré de l’App Store.
L’initiative n’a pas été appréciée par Applidium, l’éditeur français de VLC sur iOS, et par VideoLAN, l’association qui gère le développement de ce logiciel open source né en 1996 des travaux d’élèves de l’Ecole centrale. « C’est beaucoup de bruit pour rien. Tous ces protagonistes se connaissent bien. Ils auraient pu discuter de cela et régler le problème sans en faire étalage », déplore Romain Goyet, cofondateur d’Applidium. Au lieu de cela, la polémique enfle et met à jour les dissensions de la communauté open source.
Le code source disponible
Retour en arrière. Applidium, éditeur d’applications pour terminaux mobiles, décide d’adapter VLC sur iOS. Le lecteur est reconnu mondialement et très prisé pour sa simplicité et pour sa capacité à reconnaître la plupart des formats vidéo existants. Un outil idéal pour les utilisateurs d’iPhone, d’iPad et d’iPod touch dont le lecteur multimédia natif favorise certains formats au détriment des autres.
Applidium choisit de diffuser VLC gratuitement et de publier son code source. « Nous avons fait cela à la fois pour la beauté du geste et afin de démontrer notre expertise technique », explique Romain Goyet. Consulté, VideoLAN soutient le projet à une seule condition : le nom VLC faisant l’objet d’un dépôt de droit d’auteur, il est convenu que ce soit l’association qui publie l’application sur l’App Store.
Mais des détails administratifs retardent la création du compte de VideoLAN, et Applidium publie finalement lui-même VLC. Succès immédiat, l’application totalise plus de 1 million de téléchargements en l’espace d’un mois.
La FSF accusée d’utiliser VLC à des fins politiques
Surgit alors la polémique déclenchée par l’intervention de Rémi Denis-Courmont : cette affaire est avant tout une « question de principe ». « Cela fait sept ans que je participe bénévolement à VLC, cela représente des milliers d’heures de travail. La moindre des choses à laquelle on peut s’attendre est que les termes de la licence GPL soient respectés », nous a-t-il expliqué.
Or, pour Jean-Baptiste Kempf, le président de VideoLAN, les termes de l’App Store reconnaissent la prééminence d’une licence tierce, car Apple les a amendés en ce sens. « Apple a modifié ces conditions plusieurs fois. On ne sait pas de quand datent les changements », souligne-t-il. Dans un texte de mise au point publié dimanche, M. Kempf compare dans le détail les conditions de l’App Store et n’y trouve pas de contradiction flagrante avec la licence GPLv2.
« Les termes de l’App Store peuvent ou non être compatibles avec les licences GPLv2 et VLC, tout dépend de l’interprétation », écrit-il. « A mon sens il n’y a pas de problème, mais nous allons devoir nous en assurer. S’il n’y a pas de consensus, nous demanderons le retrait de l’application », nous a déclaré le président de VideoLAN.
Ce dernier reconnaît la légitimité de la demande de Rémi Denis-Courmont, mais dénonce l’attitude de la Free Software Fondation. « Je n’apprécie pas du tout que les gens utilisent VLC pour faire valoir leurs opinions politiques. Cela est vrai qu’il s’agisse d’Apple, de Microsoft, de Google ou de la FSF. »
Une opinion partagée par Applidium. « J’en veux aux gens de la FSF qui ont jeté de l’huile sur le feu en présentant cette affaire comme une lutte contre Apple et sa volonté d’imposer des DRM », dénonce Romain Goyet. De son côté, Apple n’a pour le moment pas pris position, il s’est contenté de relayer la réclamation de Rémi Denis-Courmont à Applidium. Le feuilleton ne fait que commencer.
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