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VLC 2.0 : une évolution majeure

La nouvelle mouture du célèbre lecteur multimédia open source de VideoLAN vient de sortir. Jean-baptiste Kempf, un des développeurs du logiciel et président de l’organisation, développe les avancées de la version 2.0.

Micro Hebdo : Quelles sont les nouveautés et les avancées de VLC 2.0, alias TwoFlower ?Jean-Baptiste Kempf : Cette version est plus rapide, car un gros travail a été effectué sur le cœur du logiciel. C’est pourquoi elle est considérée comme la version 2.0, les changements sont fondamentaux. Par exemple, VLC sera plus performant pour les fichiers haute définition provenant des caméscopes numériques. Avant, la vidéo était décodée sur un seul cœur de processeur. Désormais, sur des machines qui ont deux ou quatre cœurs, ou plus, on répartit la charge entre eux. Les travaux menés vont aussi permettre une meilleure qualité visuelle, et des sous-titres, en utilisant les capacités des cartes graphiques pour faire une partie du boulot. C’est une première étape, on va encore y travailler. Sur Mac, cela est déjà bien avancé.Quelle masse de travail a représenté une telle mise à jour pour l’équipe de VideoLAN ?VLC 2.0 représente 8 000 “ commits ” (ou changements de code) et un millier de bogues fermés sur 3 000 ouverts depuis le début de VLC. Cette version 2.0 est majeure parce qu’il y a un changement dans le cœur vidéo. Ce fut un gros travail qui nous a pris du temps, mais qui permet de disposer de bases saines pour évoluer dans l’avenir. Par exemple, pour gérer la 3D ou des fonctions de colorimétrie, etc. Le cœur vidéo de VLC n’avait pas bougé depuis 2001 ! Il était temps.L’interface pour Mac a été remaniée, celle de Windows non, pourquoi ?Nous n’aimons pas les changer de façon radicale. Mais l’interface sous Mac a été écrite il y a longtemps, avec ce choix de deux fenêtres, celle du lecteur et celle de la vidéo. Le bouton Lecture se trouvait sur les deux. Et même si les professionnels adorent ça, pour les utilisateurs grand public, ce n’était pas clair. Il fallait un vrai changement.VLC 2.0 peut désormais lire des Blu-ray, mais de façon restreinte. Pourquoi ?Le Blu-ray est compliqué. Nous travaillons sans les spécifications, car nous ne disposons pas des centaines de milliers d’euros à payer au consortium Blu-ray. Leurs menus sont donc inaccessibles dans cette version 2.0, mais le seront probablement dans une prochaine mise à jour mineure. La vidéo et le son fonctionnent correctement pour les fichiers Blu-ray non chiffrés. Dans le commerce, la plupart des disques ont quatre niveaux de DRM (verrous numériques, Ndlr). Pour les lire, il faut plusieurs bibliothèques (DLL) qui permettent d’ouvrir ces DRM ; et nous, VideoLAN, nous ne pouvons pas les distribuer car nous ne connaissons pas la légalité de la chose. Tant que nous n’avons pas l’autorisation en France, nous ne pouvons rien faire. C’est l’Hadopi qui gère la question de l’interopérabilité des mesures techniques de protection… Il faudrait que quelqu’un se penche sur ce point de droit qui est encore un peu confus.Et quid de la disponibilité de VLC pour iOS et Android ?Le portage technique est déjà réalisé sur iOS depuis un moment, et pour Android depuis peu. Cela fonctionne. VLC est déjà disponible sur Cydia (App Store non officiel pour appareils iOS déverrouillés, Ndlr). La distribution sur l’Android Market ne pose aucun problème et arrivera dans les prochaines semaines.Quelles sont les nouveautés attendues pour les prochaines versions ?Nous avons des idées, mais pas de feuille de route. Nous sommes tous bénévoles, et dépendons de personne pour nous dire ce qu’il faut faire. Chacun arrive avec ses améliorations, ses idées. Cela dit, il y aura une continuité avec ce que l’on a fait sur VLC 2.0 : meilleure utilisation des cartes graphiques, évolutions des interfaces avec beaucoup de corrections sur Mac, avancées sur le Blu-ray… Il y a aussi pas mal de travail à venir sur les protocoles de streaming adaptatif, pour les mobiles et les tablettes, que l’on va intégrer dans VLC.Comment le travail s’organise-t-il au sein de VideoLAN ?VideoLAN (www.videolan.org) est une association à but non lucratif, et qui est là pour soutenir plusieurs projets open source, dont VLC, mais aussi DVBlast, multicat, x264… Concernant VLC, l’organisation est informelle, avec les “ codeurs ” du noyau dur ; ils sont cinq mais sans statut particulier. Dans la communauté de développeurs, au sens strict, on dénombre une douzaine de personnes. Autour, il y a beaucoup de contributeurs externes qui réparent un bogue, rajoutent une fonction, etc. Environ 150 à 200 personnes ont travaillé sur cette V2. Tout le monde est bénévole et la collaboration s’effectue en ligne. Il n’y a pas de chef de projet. Quand une personne veut faire une modification, il faut que cela soit approuvé par le noyau dur. Si nous voyons que cela nous prend trop de temps d’intégrer les modifications soumises, nous lui donnons un accès en écriture au code de VLC. Aujourd’hui, il doit y avoir une trentaine de personnes qui ont cette autorisation. L’organisation fonctionne bien au niveau technique, et permet d’avoir un code de bonne qualité, mais il est difficile de faire des plans à plus long terme. Il y a aussi des bogues pénibles et dont aucun ne veut s’occuper, et il est difficile de forcer quelqu’un à s’y atteler. Par ailleurs, nous manquons de designers, de rédacteurs techniques, de rédacteurs de communiqués…Avez-vous un budget suffisant aujourd’hui ?Les dons ne permettent pas d’employer une personne, même à mi-temps. Mais ils nous donnent la possibilité d’acheter des serveurs, de louer du matériel, d’accéder aux outils de développement de Microsoft ou d’Apple. L’appel aux dons est aussi un moyen d’expliquer que les choses ne se font pas toutes seules. Certains imaginent que derrière VLC se trouve une entreprise. Mais il n’y a aucune publicité sur le site, le logiciel est gratuit… Il n’y a pas de business model. Au sein du grand public, peu de personnes comprennent ce qu’est un logiciel open source.L’open source, c’est une vraie religion ?La base, c’est que VLC soit open source. De nos jours, les logiciels sont capables de réaliser de plus en plus de choses, ils sont de plus en plus connectés à Internet, et observent ce que vous faites. Si vous utilisez Real Player ou Windows Media Player, ils passent leur temps à raconter tout ce que vous faites à leurs éditeurs ! Si on veut un lecteur multimédia sérieux, il doit être intégralement open source.

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Guillaume Deleurence