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Vladimir Poutine promulgue une loi controversée pour un « Internet souverain »

En signant le texte de loi mercredi 1er mai, le président russe acte la mise en place d’un « Internet souverain ». Le but ? Renforcer la sécurité informatique du pays. Mais ses détracteurs dénoncent un moyen de surveillance généralisée et s’inquiètent de la censure.

Ça y est, la Russie a réussi à créer son « Internet souverain ». Vladimir Poutine a promulgué mercredi 1er mai une loi controversée visant à isoler le pays des grands serveurs mondiaux. Cette mesure est dénoncée par ses détracteurs comme un moyen de renforcer le contrôle des autorités sur le réseau. Déjà approuvé par le Parlement russe fin février, le texte prévoit une entrée en vigueur en novembre 2019.

Sécurité ou filtrage généralisé ?

Officiellement présentée au nom de la sécurité informatique, la loi doit permettre aux sites russes de fonctionner sans passer par des serveurs étrangers. Et donc d’éviter les cyberattaques. En pratique, le texte prévoit d’instaurer un DNS interne, afin d’assurer les correspondances entre une adresse web et l’adresse IP des serveurs qui hébergent le site sans que les données dépassent les frontières du pays. Mi-février, la Russie s’est déconnectée brièvement pour tester son autonomie

Les fournisseurs russes d’accès à Internet devront également s’assurer de la mise en place sur leurs réseaux de « moyens techniques » permettant un « contrôle centralisé du trafic » pour contrer des menaces éventuelles, selon l’AFP. Une mesure pour contrer les potentielles cyberattaques étrangères.

Roskomnadzor ou l’œil de Moscou

Ce contrôle sera notamment mis en œuvre par l’agence de surveillance des télécoms et médias russes, appelée Roskomnadzor. Cette instance est souvent accusée de bloquer arbitrairement des contenus sur la Toile et d’informer les services spéciaux russes (FSB).

De nombreux militants estiment que cette loi est une tentative à peine déguisée de contrôler les contenus, voire d’isoler progressivement l’Internet russe dans un contexte de pression croissante des autorités. Dans un communiqué [PDF] publié le 24 avril, dix organisations internationales de défense des droits de l’homme et de la liberté d’expression, dont Reporters Sans Frontières (RSF) et Human Rights Watch (HRW), avaient appelé Vladimir Poutine à ne pas la promulguer. Cet appel institutionnel fait écho à plusieurs manifestations populaires organisées en mars contre la loi, dont une ayant réuni des milliers de personnes à Moscou. 

Déjà en 2000, les ONG s’inquiétaient. Depuis, les autorités russes ont progressivement verrouillé le réseau Internet national, bloquant des contenus et sites liés à l’opposition, mais aussi des services qui refusaient de coopérer avec elles, tels que Dailymotion, LinkedIn ou Telegram.

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Marion SIMON-RAINAUD