Quel est le bilan de Viventures 1, et quelles leçons tirez-vous de ses échecs ?” celui de Clust, par exemple ? Notre mise dans Clust était modeste. En revanche, nous avons été, dès l’origine, partie prenante dans de belles aventures : Ifrance, Ncypher, spécialiste britannique des logiciels de sécurisation de e-commerce. Mais, au-delà des erreurs inhérentes au métier de capital-risqueur, je crois que ce premier FCPR (fonds commun de placement à risque ) a validé l’originalité de notre démarche, à savoir la fédération de souscripteurs industriels et financiers. Il s’agit d’apporter des fonds, mais aussi de délivrer une expérience, voire de mettre en place une collaboration avec de grands acteurs du marché. Ratan Tata, le président de Tata Sons, l’un des plus gros acteurs privés de l’économie indienne, a accepté de faire partie du comité consultatif de Viventures. Cette double détente, financement et apport d’expérience, permet de faire gagner des années au cycle de développement des sociétés sélectionnées. Elle est gage aussi d’une meilleure rentabilité des fonds engagés.Comment la restructuration actuelle du secteur high-tech influencera-t-elle vos arbitrages ? D’abord, nous sommes persuadés que la correction boursière ne remet pas en cause le formidable développement de la nouvelle économie. Avec Viventures 2, le cercle des souscripteurs s’élargit et le montant levé augmente [de 120 à 630 millions d’euros, ndlr].Ce fonds aura une couleur plus asiatique que le premier. Nous considérons que cette zone voit apparaître des fenêtres d’excellence, notamment autour du formidable succès de l’I-mode au Japon. C’est un territoire d’avenir, où nous avons l’intention de nous établir durablement.Les capital-risqueurs n’auraient-ils pas tendance à exiger des business plans impossibles et des retours sur investissement trop rapides ? Non, le métier est plus compliqué que cela. Nous n’accepterons plus que des postes clés du management ne soient pas bouclés dès le départ. Nous serons plus sévères sur les frais généraux. Nous continuerons à vérifier que le projet présente une forte différenciation avec la concurrence, supposée ou existante. Mais nous n’allons pas fondamentalement changer la manière de gérer nos relation avec les entrepreneurs. Il faut savoir que, quelles que soient les précautions, et quelles que soient les méthodes d’évaluation, le risque existe toujours. On peut revenir au bon vieux cash flow actualisé, la validité du diagnostic dépendra encore d’hypothèses commerciales.En termes sectoriels, quelle est la philosophie de votre deuxième fonds ? Viventures souhaite se forger un portefeuille équilibré entre le secteur des équipements et infrastructures, celui des logiciels et enfin celui des nouveaux services spécifiques à internet, sans a priori. Bananalotto, que nous avons accompagnée dès le départ, se situe ainsi sur un terrain B to C très concurrentiel, mais gagnera bientôt de l’argent. Nous n’écartons pas non plus d’emblée les nouveaux acteurs des télécoms.
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