Jean-Marie Messier ne cherchait pas à cacher sa joie d’avaler le Canadien Seagram en ce mardi 20 juin. En bras de chemise, il s’est même livré, aux côtés d’Edgar Bronfman Jr, président de Seagram, à un dérapage très contrôlé : “Putain, que je suis content d’être assis à côté d’Edgar !”. Pour ” J2M “, cette fusion valorisée à 34 milliards de dollars (231,2 MdF), et qui inclut Canal+, marque“la fin du conglomérat Vivendi”. Et sonne comme la réplique européenne au rapprochement d’AOL et Time Warner. Le nouveau groupe, baptisé ” Vivendi Universal ” se place dans le top 5 mondial des groupes de communication avec un chiffre d’affaires combiné de 55 milliards d’euros (360,7 MdF).
Un groupe aux multi-possibilités
En ingérant Seagram, à l’origine un groupe de spiritueux, Vivendi met la main sur Universal. Soit : le numéro un mondial du disque, le numéro deux mondial du cinéma (un catalogue de quelque quatre mille films), des studios de cinéma mythiques et des parcs d’attraction. Vivendi Universal déploiera ainsi ses tentacules à peu près partout : cinéma, musique, jeux, presse, production télé, télécoms, Internet mobile… En résumé, un groupe ” multi-contenu “, ” multi-accès ” et ” multi-culturel “.
Sur le papier, cette fusion semble idéale : Vivendi Universal dispo- se de tous les types de contenu d’information et de divertissement, et de tous les vecteurs de diffusion (à l’exception de la radio). Comme le soulignait Jean-Marie Messier, les possibilités sont infinies. Il lui reste maintenant à trouver les meilleurs modèles économiques, à inventer ce que peut être la consommation culturelle multi-canale, à offrir au consommateur une vision claire, pratique et homogène de ce nouvel ensemble. Bref, à reproduire dans l’industrie de la communication le succès des Pokemons qui triomphent sur consoles de jeux, en dessins animés, en cartes à jouer…
Dans une industrie en pleine révolution, à l’instar de la musique bouleversée par l’avènement du format MP3, il va falloir au nouveau groupe une ingéniosité et une vision qui aillent bien au-delà des mots de ” convergence ” et ” synergie “. La première pierre a été posée avec le portail Vizzavi, lancé en France la veille de la fusion, mais les marchés qui chahutent les titres Vivendi, Seagram et Canal + l’ont bien compris : le plus dur reste à faire.
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