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Vivendi et Vodafone : la ruée vers l’Internet mobile

Les deux alliés ont annoncé la création d’un portail Internet commun. c But affiché : prendre position sur le marché juteux de l’Internet mobile. c Mais aussi se préparer à partager les restes de l’Allemand Mannesmann.

Après ” AOL partout “, axe stratégique de celui qui a englouti Time Warner (et mis la main sur ses réseaux câblés), ” Vivendi partout ” ? Quelques jours seulement après le spectaculaire rapprochement américano-américain entre le fournisseur d’accès et le géant des médias, Vivendi s’est allié au n?’ 1 mondial des mobiles, Vodafone AirTouch, afin de créer un portail Internet baptisé MAP (Multi Access Portal), destiné à être accessible sur tout type de terminal (mobile, ordinateur de poche, télévision…).
Mais ce serait être myope que de ne pas s’attacher aux arrière-pensées financières qui entourent cet accord. Vodafone a fait d’une pierre deux coups en s’acoquinant avec Vivendi. A une semaine de la clôture de son OPE sur Mannesmann, il se pare de beaux atours Internet et médiatiques pour séduire l’actionnariat de l’Allemand et prive ce dernier d’un allié. Vivendi, lui, courtisé par Mannesmann, s’est rangé du côté du plus fort, avec l’espoir avoué, en cas de réussite de l’OPE, de se renforcer dans Cegetel (Mannesmann en possède 15 %) et, surtout, de récupérer Orange, le n?’ 3 des mobiles outre-Manche, ainsi que les activités fixes de Mannesmann qui n’intéressent pas Vodafone. Les deux amis ont évidemment préféré ” promouvoir ” leur projet de portail, mais n’ont pas caché que toute entente serait stoppée si l’OPE échouait. A l’inverse, une réussite aboutirait à une coopération plus étroite.

Créer le bon contenu

Malgré cet arrière-plan financier omniprésent, le rapprochement entre le roi des mobiles et le Français s’inscrit aussi dans la course à l’Internet mobile. Si l’on ne regarde que la téléphonie mobile, les études montrent que d’ici à 2004 ce marché concernera environ un milliard d’individus dans le monde, avec une part croissante de terminaux mobiles multimédias. En effet, le protocole WAP (Wireless Access Protocol), qui permet aux utilisateurs de mobiles d’accéder à Internet ou autres services multimédias à partir de leur téléphone, est amené à se généraliser, comme en témoigne le nombre d’annonces sur le GSM World Congress qui se tenait cette semaine à Cannes (voir page 7). Et pour que ce contenu soit accessible rapidement, les futurs réseaux mobiles augmenteront les débits reçus sur le terminal par rapport au GSM. Le GPRS (General Packet Radio Service), évolution du GSM, est attendu en 2001 et l’UMTS (Universal Mobile Telecommunications System), successeur du GSM, en 2002, dans les principaux pays européens. Comme le souligne le cabinet Ovum, “celui qui délivrera un contenu personnalisé, c’est-à-dire qui réussira à mettre en place un portail, possédera les clients”. C’est l’ambition du portail MAP, qui n’a encore aucun visage, mais pèse virtuellement, selon ses géniteurs, près de 70 millions d’abonnés (SFR, Canal +, Vodafone et ses 48 millions d’abonnés).
Pour son accessibilité via n’importe quel terminal mobile, Vodafone avait annoncé il y a peu le lancement pour l’été 2000 d’une plate-forme WAP, en collaboration avec Sun et IBM. Que ce soit d’un point de vue technologique ou du nombre de clients potentiels, le portail de Vivendi-Vodafone a donc un beau CV. Reste, dans un premier temps, à empocher Mannesmann. Et, dans un second temps, à définir le bon modèle économique et créer le contenu qui attirera les clients

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Guillaume Deleurence