On connaissait l’Atelier de BNP Paribas, l’Échangeur des Galeries Lafayette. Le 15 avril, la RATP devrait, à son tour, ouvrir un espace destiné à ses clients professionnels. Baptisé le Nomadeur, cet espace de veille et d’information sera réservé aux entreprises : celles qui déménagent, celles dont les commerciaux ont adopté le métro ou celles dont les filiales sont éclatées au quatre coins de la région parisienne.Plus qu’un simple transporteur de voyageurs, la vénérable Régie se présente désormais comme une entreprise spécialisée en “mobilité urbaine”. Boulot rime moins avec métro qu’avec micro, et la RATP s’affirme prête à dégainer ses bases de données au service des entreprises. On devrait découvrir au Nomadeur les derniers PDA et bureaux virtuels, toute la panoplie des outils communicants. Il y a quelques années, à l’époque où les termes de lutte des classes n’étaient pas surannés, il était courant de parler de vitrine sociale à propos de Renault. Les relations sociales et les accords ou désaccords patronat-syndicats constituaient le c?”ur des grandes firmes des années 1970.En 2002, les grandes entreprises mettent en avant leur aptitude à s’intégrer dans l’environnement technologique. Car les technologies modèlent le visage des entreprises plus sûrement que n’importe quel autre facteur micro-économique. En interne, elles bouleversent les hiérarchies et les directions. En externe, elles permettent de gagner des parts de marché et de fidéliser clients et fournisseurs. Pour changer la culture d’une entreprise, faire entrer du sang neuf, redessiner les frontières d’un métier ou développer une stratégie innovante, les dirigeants les plus avisés ont désormais l’arme des technologies. Et ils n’hésitent plus à s’en servir, même au sein d’une entreprise dont l’image nest pas associée spontanément à la modernité et qui apparaît corsetée par les syndicats.
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