‘ Il faut arrêter de dire qu’il n’y a pas d’offres légales de musique en France. Allez demander à OD2, à la Fnac, à E-compil. ‘ Ainsi s’agaçait, il y a dix jours, le directeur général du Syndicat national des éditeurs phonographique, Hervé Rony, à l’occasion du lancement de la dernière campagne de lutte contre le piratage de musique.
Les nouveaux sites légaux de téléchargement des plus grands spécialistes hexagonaux des produits culturels devraient lui mettre du baume au c?”ur. En effet, Virgin lance VirginMega le 18 mai, et la Fnac profitera de l’été, pour mettre en ligne une plate-forme d’envergure.
L’un et l’autre ne sont pas des nouveaux venus sur le créneau. VirginMega, le site de téléchargement de Virgin (qui n’a d’ailleurs jamais fait de vente en ligne de produits physiques comme Fnac.com ou Amazon) existe depuis 2002 et la Fnac a lancé la DigiFnac (livres électroniques, fichiers musicaux, développements en ligne de photos numériques…) en 2001.
C’est une nouvelle version de VirginMega qui sera mise en ligne mardi 18 mai. Elle alignera ses tarifs sur ce qui en train de devenir le standard du marché : entre 0,99 euro et 1,19 euro le titre, et de 9,99 euros à 11,99 euros l’album, selon leur nouveauté. Des prix moins élevé qu’auparavant. La Fnac pratiquera vraisemblablement les mêmes tarifs. Mais avec des ventes à l’unité (titre, album) ou par abonnement, tandis que Virgin va faire dans le ‘ tout à l’unité ‘.
‘ Nous avons voulu éviter les formules compliquées d’abonnement. Vous ne serez pas contraints par un système qui vous enchaîne sur plusieurs mois ‘, garantit Jean-Noël Reinhardt, président du directoire de Virgin Stores. Autre originalité de Virgin : l’utilisateur pourra voir ses achats imputés directement sur sa facture de téléphone fixe France Télécom.
Quelques obstacles à l’horizon pour la vente de films
La précédente version du site était parvenue, certes avec peine, à proposer des contenus issus des cinq majors, en plus de ceux de labels indépendants. Ces contenus seront toujours présents sur le nouveau site. Cependant, les fichiers numérisés en .wma, le format de Microsoft, sont toujours incompatibles avec certains baladeurs. ‘ Vous ne pourrez pas les transférer facilement sur iPod, reconnaît Laurent Fiscal, directeur général du site, parce qu’Apple a décidé de ne pas licencier sa technologie. ‘
Virgin a bien conscience de se heurter là à l’un des écueils du marché, celui de la présence de constructeurs soucieux de promouvoir leurs sites de musique pour commercialiser leurs baladeurs numériques. ‘ Cette compétition particulière va compliquer la donne ‘, ajoute Jean-Noël Reinhardt. D’où, aussi, les prix bas d’emblée pour anticiper l’arrivée en Europe d’iTunes et de Sony, notamment.
Un autre problème se profile à l’horizon. VirginMega envisage de vendre des films numérisés en 2005. Les premières négociations doivent commencer dans quelques semaines, mais ‘ Nous avons le sentiment que ce sera compliqué, note encore Jean-Noël Reinhardt. Les majors du film nous laissent entendre qu’elles comptent distribuer elles-mêmes leurs produits. ‘
Soit le même réflexe que les maisons de disques qui traînaient les pieds pour ouvrir leurs catalogues aux détaillants en ligne… avant d’accepter que la vente soit assumée par des spécialistes de la vente, sur Internet comme ailleurs.
Le projet de la Fnac, un site consacré au téléchargement dont l’arrivée n’est pas encore annoncée, serait techniquement prêt. Mais le détaillant serait encore en négociation avec les maisons de disques. Il compte se distinguer aussi par l’offre de services techniques : l’internaute sera ainsi invité à déclarer la configuration de son ordinateur et son équipement audio afin de télécharger les éventuels plug-in nécessaires pour pouvoir lire les fichiers sur le lecteur de Microsoft, d’Apple ou de Sony.
30 millions d’euros investis dans VirginMega
Les deux sites ont en tout cas un point commun : ils ont décidé de se passer des services d’OD2, partenaire jusque-là de l’un et de l’autre et premier vendeur européen de musique en ligne. C’est Apach Network qui se charge de la numérisation de fichiers pour VirginMega ; pour la Fnac, le choix s’est porté sur MPO Online, la branche dédiée à l’encodage du presseur de CD MPO.
Chez Virgin, le choix de mettre fin à toute formule d’abonnement y est certainement pour quelque chose : c’est justement le modèle économique fourni par OD2 à tous ses clients. Quant à la décision de la Fnac, premier partenaire d’OD2 à son arrivée en France, Stanislas Hintzy, directeur général d’OD2 pour la France, y voit une décision plus stratégique que technique : ‘ Ils ont choisi un partenaire moins gros que nous, chez qui ils seront le plus gros client. ‘
Le détaillant donc aura les coudées plus franches qu’avec OD2, fournisseur de poids lourds comme MSN, Tiscali, Wanadoo, MTV, AOL, Coca-Cola [le site Mycokemusic, NDLR]…
‘ Il y a eu une compétition entre prestataires. C’est toujours une déception quand on perd, mais le fait que la Fnac investisse dans ce projet est quand même un signe de succès pour nous : ils ont vu que le téléchargement de musique pouvait être maîtrisé, techniquement et économiquement. ‘
En tout cas, Virgin, qui a investi 30 millions d’euros sur son projet, a annoncé ralentir le rythme d’implantation de nouveaux magasins. Si une vingtaine a vu le jour au cours des deux ans et demi passés, deux seulement seront ouverts dans les trois ans qui viennent. Un report d’investissement qui doit profiter à VirginMega.com.
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