La scène se passe il y a quelques jours, lors du vingt-deuxième salon de l’auto de Toulouse, sur le stand de la Sécurité routière. Des jeunes, qui se présentent comme originaires de la cité Bagatelle, viennent expliquer aux
fonctionnaires de police présents sur place comment ils font pour ?” ce sont leurs mots, très crus ?”
‘ niquer la police sur Internet ‘.Sur des écrans de téléphones mobiles dernier cri, les policiers découvrent stupéfaits des séquences de courses-poursuites entre les forces de l’ordre et des individus. Plus tard, ils se rendent compte que depuis plusieurs mois, et
surtout depuis les événements de Villiers-le-Bel, des vidéos de ce genre sont disponibles à foison sur Internet.‘ Nous savions bien que cela existait, mais nous avons étudié le phénomène en profondeur et examiné toutes ces vidéos postées sur YouTube ou Dailymotion ‘, explique Didier Martinez,
secrétaire régional du bureau Midi-Pyrénées du syndicat Unsa-Police.
‘ Une émulation malsaine ‘
‘ Il s’agit de séquences très dures, où l’on voit parfois des forces de l’ordre prises à partie, caillassées, insultées. Certaines scènes sont particulièrement humiliantes : on voit certains de nos collègues
courser une BMW dans un véhicule hors d’âge, sans bien sûr parvenir à la rattraper. ‘Selon le responsable syndical, la plupart de ces séquences sont ‘ scénarisées ‘ (le véhicule de police passant invariablement devant le téléphone portable qui filme la séquence, avec un angle de vue précis).
‘ Dans les quartiers, c’est désormais la surenchère. Et cela crée une émulation malsaine que l’on retrouve notamment dans les commentaires postés en dessous des vidéos concernées. ‘Le syndicat a saisi le préfet et le ministère de l’Intérieur pour demander le retrait immédiat de ces vidéos et pour que leurs auteurs soient poursuivis au même titre que ceux qui filment des séquences de happy
slapping.Pour mémoire, depuis le vote de la loi sur la prévention de la délinquance, les auteurs et les diffuseurs de ce genre de vidéos
sont désormais passibles de 75 000 euros d’amende et de cinq ans de prison. ‘ Il faut
trouver une parade juridique et créer une cellule de lutte spécifique pour être en mesure de contrer ces appels à la haine ‘, estime l’Unsa-Police.
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