Mardi 27 mai, au matin. Une centaine de gendarmes mènent un vaste coup de filet contre un réseau de piratage français à travers la France (régions Paca, Ile-de-France, Midi-Pyrénées et Centre). Vingt-deux jeunes gens (dont
seize mineurs), âgés de 13 ans et demi à 25 ans, sont interpellés à leur domicile. Ils sont soupçonnés d’avoir piraté plusieurs sites Internet en France mais aussi à l’étranger.Des actes de vandalisme numérique (fichiers détruits, inscription de fausses données…), mais pas seulement. Certains d’entre eux auraient escroqué des internautes et vidé le compte bancaire de leurs victimes. Trente-quatre
entreprises et associations seraient concernées par leurs agissements. L’enquête, qui aura duré quatre mois, a été menée par un service de la gendarmerie de Dijon.
Faire un exemple
‘ Notre action a deux objectifs, explique le service communication de la gendarmerie de Dijon. D’abord, bien faire comprendre aux pirates qu’ils sont responsables de leurs actes. Qu’ils
comprennent enfin qu’ils ne sont pas intouchables. Ensuite, sensibiliser les entreprises et les particuliers aux agissements de ces groupes. ‘L’opération menée par les forces de l’ordre ne visait pas un réseau de cybercriminels tel qu’il en existe aujourd’hui sur la Toile. Mais plutôt de jeunes apprentis pirates, attirés par le côté obscur du
hacking. Ils se retrouvaient sur un forum de discussion d’environ 200 membres, pour vanter leurs ‘ exploits ‘ mais aussi s’échanger des trucs et des astuces afin de pénétrer les systèmes
informatiques. ‘ Leur forum est fermé depuis notre action ‘, confirme la gendarmerie de Dijon.Mais ces espaces, fréquentés par des amateurs de sensations électroniques, existent par centaines sur la Toile. ‘ On se retrouve pour frimer, confirme un membre de ce type de forum. On parle
beaucoup, on s’échange des exploits, des informations. ‘ Loin d’être des génies informatiques, ces pirates sont surtout des opportunistes. ‘ C’est l’occasion qui fait le larron, explique un
autre internaute. Il existe tellement d’outils, de sites ou de forums sur la Toile qui permettent de pirater qu’il est difficile de résister. ‘
‘ Hackito ergo sum ‘
‘ Ils sont fiers de ce qu’ils font malgré les problèmes qu’ils engendrent, confirmaient le procureur de la République Jean-Pierre Alacchi et le lieutenant-colonel Doublier, commandant de la section de
recherche de Dijon, mercredi 27 mai, à l’occasion d’une conférence de presse. Ce sont des primo-délinquants, ils ont tous un casier judiciaire vierge. Ils sont passionnés par l’informatique, certains ont un métier. Par
ailleurs, ils ont tous reconnu les faits. Les parents des “hackers” tombent des nues. Le mode opératoire des pirates est le suivant : introduction dans des sites de société, effacement de données et perturbation du système
informatique. ‘Certains des internautes arrêtés ont dépassé, cependant, le petit côté frime du ‘ hackito ergo sum ‘ (Je pirate donc je suis). Les gendarmes ont découvert que certains d’entre eux
avaient mis en place des escroqueries bancaires via des sites d’hameçonnage (phishing).Les pirates risquent, sur le papier, deux ans de prison et 30 000 euros d’amende en cas de simple intrusion. La peine peut monter à cinq ans de prison et à une amende ‘ corsée ‘ en cas de
dégradations, ce qui a été le cas sur plusieurs sites Internet attaqués. Des sanctions qui devraient dissuader les éventuels amateurs de piratage.
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