Aujourd’hui, je me sens mou du bulletin… Comme vous, je ne sais pas très bien ce que je vais mettre ce week-end dans l’urne des législatives : droite, gauche, ou pince à linge ? Même si le Conseil constitutionnel a déclaré nul et non avenu tout vote effectué en se bouchant ainsi les narines… Que reproche-je donc aux partisans des maris de Bernadette et Ségolène ? De suivre une indélicate girouette qui me donne le tournis, et d’avoir réécrit leur programme à l’encre trop sympathique ? Certes. Mais il y a plus grave : comme tous les Français, je leur reproche de ne pas s’occuper vingt-quatre heures sur vingt-quatre de mon cas PERSONNEL. Voilà le seul et vrai problème. Car le salaire des autres, leur pouvoir d’achat, leur chômage, leur guérison dans de bons hôpitaux, et le prix auquel ils vendent leurs artichauts ou leurs consultations, qu’en ai-je à battre ? Rien, bien sûr. Ce qui m’intéresse, comme tout un chacun, c’est MOI. Non seulement ça m’intéresse, mais j’irai jusqu’à dire que cela me passionne ! Considérons par exemple le problème de MA sécurité : j’en parlerais volontiers jusqu’à demain, mais qui s’en soucie ? Sarkozy ? Vous croyez vraiment qu’il va sortir son flash ball contre les agressions physiques dont je suis chaque jour menacé, jusque dans mon bureau ? Non, Sarko ne pense qu’à rouler des mécaniques pendant que mon patron, menaçant, fait irruption dans mon espace vital, l’insulte à la bouche et la gifle à la main ! Essayant de ne pas bafouiller, je lui demande onctueusement si malgré ses dons extraordinaires (hum) de golfeur, il aurait raté son parcours sur Swingconcept.net, le nouveau site en vogue chez tous les accros de la petite balle ? “Non, j’y ai explosé mon record, comme je vais t’exploser la gueule, bouffon !” D’habitude, Roland, mon boss, ne parle pas comme ça. Ce grand bourgeois converti à la net économie a beau essayer de causer le modernojeune, il n’arrive jamais à balancer des insultes aussi hip-hop. Mais là… Est-ce sa nouvelle maîtresse qui déteint sur lui, cette jeune rapeuse topless de Neuilly qu’il a croisée sur le plateau d’Ardisson, alors qu’elle était venue faire la promo de son très chaud Rap de la carotte, et lui celle de notre site consacré à l’euthanasie en ligne ? En tout cas, le voilà qui me balance au visage la pile de tous les numéros du Nouvel Hebdo, avec ce commentaire : “À compter de cette seconde, tu n’es plus directeur de la communication !” S’agit-il d’une promotion ? Vais-je enfin prendre la place de la belle Charlotte, notre directrice générale ? “Tu n’es plus dircom, et d’ailleurs, tu n’es plus rien. Tu es viré !” Motif ? “Tu joues les corbeaux dans ce canard depuis plus d’un an, espèce d’i-traître ! En fait, c’est toi, Netego, oui toi qui pondais ces puants articles anonymes !” Eh bien oui, c’était moi. Faute de grain à moudre, je ne peux donc plus alimenter ces colonnes. Jy reviendrai peut-être, sous un autre faux nez. Après avoir publié mes mémoires scandaleuses de voyou du net sur Rue-des-auteurs.com, un site totale-tendance chez les futurs Proust et Houellebecq de la toile, où je compte bien investir mon talent martyre et mes indemnités de licenciement. Enfin riche et célèbre : au Goncourt, tous voteront pour moi, avec ou sans pince à linge…
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