Après un début de décennie crispé, les budgets informatiques du secteur de la distribution retrouvent de la vigueur. En France, le cabinet Pierre Audoin Consultants (PAC) estime que la dépense du secteur pour les applications, les
services et l’externalisation (2,3 milliards d’euros) devrait progresser en moyenne de 6,2 % par an d’ici à 2009. La plupart des analystes observent le même rebond dans le reste de l’Europe et en Amérique du
Nord. A cela, deux raisons. D’une part, les distributeurs ne peuvent plus supporter les coûts exorbitants de maintenance de leurs applications développées en interne, ni leurs carences lors de la mise en place de nouveaux programmes
marketing. D’autre part, ils cherchent à se différencier en investissant dans de nouvelles technologies pour coller aux attentes de leurs clients, et ce, quel que soit le canal de vente.
Une remise à plat des architectures
La fidélité du client n’a jamais été aussi difficile à gagner. Si la disponibilité des produits et la qualité de l’accueil restent indispensables, elles ne suffiront bientôt plus. Depuis leur site de commerce en ligne, les
distributeurs travaillent sur le panier moyen et la fréquence de shopping. Dans les magasins, les consommateurs se verront proposer des promotions personnalisées en temps réel, par des bornes en libre-service ou des outils capables
d’améliorer l’efficacité des vendeurs. Une analyse plus fine de la demande aidera à définir, selon des critères géographiques plus détaillés, les plans de promotion, les assortiments ou les plannings de personnel. La convergence
multicanal fournira l’occasion de redéfinir l’architecture du système d’information. Les outils de planification et d’exécution de la chaîne logistique doivent donc être capables de monter en puissance pour gérer de plus
grands volumes d’achat. Et pour tirer avantage de la mondialisation, fournisseurs et distributeurs doivent mieux collaborer en intégrant leurs workflows, en améliorant leurs gestions de transport et en fournissant plus d’informations
en temps réel.Face à ces enjeux, la demande en applications de gestion de la chaîne logistique connaît ainsi une des plus fortes progressions, devant les applications c?”ur de métier (gestion des prix, planification, gestion et optimisation des
stocks…) et les solutions de gestion opérationnelle de magasin. Ce dernier segment profite notamment d’un intérêt croissant pour les applications de gestion de la main-d’?”uvre.
Une concentration inédite des acteurs
Dès 2003, nombre d’éditeurs ont d’ailleurs anticipé cette demande en lançant une vague de concentrations sans précédent, toujours inachevée. Voici dix-huit mois, SAP et Oracle s’empoignaient pour le contrôle de
Retek. Après trois semaines de folles surenchères, Oracle remporte ce que SAP présente aussitôt comme une victoire à la Pyrrhus : versement d’une prime de 87 % sur le cours de Bourse de Retek, pour un investissement final de
670 millions de dollars.Pourtant, avec ce rachat, Oracle est censé être plus en phase avec les besoins de ses clients distributeurs, dont les 400 apportés par Peoplesoft. De même, il verrouille le marché américain que convoite SAP. Poursuivant sa
politique de verticalisation, durant l’année 2005, la firme de Larry Ellison s’empare de ProfitLogic (outils d’analyse), de G-Log (gestion des transports), puis des actifs du Français Temposoft (optimisation des ressources
humaines et gestion des temps). Au début 2006, l’Américain s’empare finalement de 360 Commerce, soit une deuxième solution de gestion de point de vente (POS) avec celle de Retek. De quoi concurrencer les solutions des spécialistes
Ecometry, Epicor, JDA, NCR ou Retalix, et bientôt celles des Français AS Infor, Cegid, Cylande, Generix, Laser Symag ou VCS Timeless.Quant à SAP, il s’est emparé en septembre 2005 du Canadien Triversity (gestion des points de vente), puis, deux mois plus tard, de Khimetrics (optimisation des prix et des promotions) et en juillet dernier de son partenaire
Praxis (boutique en ligne et de relation client hébergée pour PME). La course n’est sans doute pas finie : cet été Oracle a prévenu qu’il continuera d’investir dans ses offres verticales, dont la
distribution…Les deux géants du progiciel ne sont pas les seuls à s’activer sur le marché de la distribution. Microsoft, bien présent sur le secteur, même s’il ne bénéficie pas de la même notoriété, propose depuis mai 2005 une offre
complète qui englobe la gestion des points de vente. Les spécialistes aussi pratiquent la croissance externe. Le spécialiste des POS pour les chaînes alimentaires Retalix a élargi son offre avec les rachats de TCI Solutions et d’Integrated
Distribution Systems. En décembre 2005, l’éditeur de PGI pour la distribution et l’industrie Epicor s’est emparé de la suite de CRS Systems (POS, gestions des stocks et des commandes). En France, début 2005, l’acquisition
de Ceitel a permis à Generix de compléter une solution de gestion des points de vente et de pilotage de réseaux de magasins. En février 2005, Cylande annonce la reprise d’Anabel, une solution de gestion de stocks conçue par une filiale
d’IBM.D’importantes opérations ont également eu lieu dans le domaine de la chaîne logistique. En août 2005, Manhattan Associates a repris Evant, un spécialiste des technologies de planification et de réapprovisionnement pour la
distribution. Avec l’acquisition de Manugistics en avril dernier, JDA devenait le quatrième éditeur de gestion de la chaîne logistique, s’enrichissant notamment de fonctionnalités de gestion du transport, mais aussi de gestion des
prix. Puis, en juin, c’était au tour d’un éditeur de la gestion de la chaîne logistique, RedPrairie, de s’emparer du spécialiste de la gestion opérationnelle de magasins BlueCube Software. RedPrairie prend ainsi pied dans
l’univers du magasin, avec des fonctionnalités de gestion de stocks spécifique, d’optimisation de la main-d’?”uvre ou décisionnelles.Parmi les tendances technologiques, on note l’émergence des applications hébergées et des frameworks d’intégration (Microsoft et IBM) dédiés à la distribution. Les solutions de point de vente deviennent de mini-PGI
capables d’assurer toute la gestion opérationnelle du magasin, dont la relation client et la comptabilité. La richesse fonctionnelle et de paramétrage limite les développements spécifiques, encore trop répandus chez les distributeurs. Mais
c’est à la seule faveur des tendances macroéconomiques au cours des prochains mois (prix de l’énergie, inflation, confiance des consommateurs) que cette nouvelle orientation de la dépense informatique se confirmera ou non.
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