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Vers un observatoire du piratage du livre

Le Motif, organisme de la région Ile-de-France, a étudié quels titres et quels auteurs étaient piratés sur Internet.

Il y a des actualités qui se complètent. Alors que le ministre de la Culture lançait hier, lundi 26 octobre 2009, les travaux de sa commission pour la numérisation du patrimoine des bibliothèques, un organisme de la Région Ile-de-France est allé voir quels livres non libres de droits étaient disponibles illégalement sur Internet.

Le Motif, observatoire du livre et de l’écrit dépendant de la Région, a commandé une étude, « eBookz », consistant à scruter les réseaux Torrent et eDonkey, le Direct Download (DDL), les newsgroups et IRC (Internet Relay Chat). Les travaux, menés par Edysseus Consulting, ont duré quatre mois et portaient sur les livres francophones d’éditeurs français et soumis au droit d’auteur, pas ceux tombés dans le domaine public.

Le bilan ? Ce sont 4 000 à 6 000 ouvrages, dont beaucoup de bandes dessinées, qui circuleraient illégalement sur les réseaux. En terme de nombre d’ouvrages différents piratés, c’est le philosophe Gilles Deleuze qui arrive en tête (13 titres différents), devant l’auteur de la saga Les Fourmis, Bernard Werber (11), et Amélie Nothomb (10). Stephenie Meyer, auteur de la série à succès Twilight, arrive 19e, loin derrière Jean-Paul Sartre (8e) et Albert Camus (9e). Mais c’est aussi parce qu’elle a moins de références à son actif (les quatre tomes de Twilight).

Le classement des titres les plus référencés est moins surprenant, lui. Dans l’ordre, on trouve Le Sexe pour les nuls, Harry PotterLe Grand Livre de cuisine d’Alain Ducasse, Twilight, Les Fourmis, suivis du Petit Prince, de L’Alchimiste et du Seigneur des anneaux.

45 minutes pour scanner 100 pages

Avec ce classement, lit-on dans l’étude eBookz, on observe un « rééquilibrage en faveur des ouvrages très grand public et des best-sellers. Les auteurs, notamment philosophes, du classement précédent ont beaucoup de titres téléchargés mais chacun en très faibles quantités. » Pas d’emballement, donc, Gilles Deleuze ou Jean-Paul Sartre ne sont pas forcément plus téléchargés que Harry Potter.

« On retrouve très peu de livres qui font la rentrée littéraire, qui sont dans les concours, ajoute Vincent Monadé, directeur du Motif. Il y a des best-sellers mais pas franchement de titres récents. On retrouve en revanche des choses que l’on savait, à savoir que les livres de cuisine sont beaucoup piratés. » Dans le classement des vingt livres les plus référencés sur les réseaux illégaux, eBookz en a identifié six de cuisine, dont un à la troisième place.

En fait, au départ, le Motif voulait faire une étude sur les pirates : qui sont-ils, pourquoi téléchargent-ils, etc. Devant la difficulté de la chose, l’organisme s’est rabattu sur une étude sur le piratage, même si la situation est loin d’être aussi alarmante que pour les secteurs de la musique, du cinéma et de l’éditon vidéo.

1 % des livres disponibles en téléchargement illégal

« 1 % des livres papier sont disponibles en téléchargement illégal », note Vincent Monadé. Une situation due à la complexité du processus de piratage d’un ouvrage. Si les techniques de scan s’améliorent, il faudra encore 45 minutes pour numériser cent pages, relève l’étude eBookz.

Il n’y a donc pas encore péril en la demeure, mais justement, le Motif souhaiterait anticiper d’éventuels futurs problèmes pour le secteur de l’édition. Il compte renouveler cette étude pour la transformer en un observatoire annuel du piratage et faire ainsi des recommandations aux éditeurs, aux libraires et aux pouvoirs publics.

Le Motif a déjà proposé à la Région Ile-de-France d’ouvrir une plate-forme en ligne pour distribuer légalement des éditeurs indépendants et de mettre en place un système de géolocalisation pour permettre au public de trouver facilement une librairie.

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Arnaud Devillard