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Vers l’e-écriture

La littérature est en fête, c’est le ministère de la Culture qui le décrète. Du 19 au 21 octobre, trois jours de réjouissances partout en France…

La littérature est en fête, c’est le ministère de la Culture qui le décrète. Du 19 au 21 octobre, trois jours de réjouissances partout en France (
www.lire-en-fete.culture.fr
), pour redonner à la lecture une vigueur que certains imaginent amoindrie. Le net y va aussi de sa contribution : une cinquantaine de sites se mobilisent pour cette 13e édition. L’initiative la plus délirante ? Celle du CICV Pierre Schaeffer (centre international de création vidéo et numérique), qui abrite le roman interactif Soldat, signé par Anne Vauclair et Xavier Sense (
http://soldat.cicv.fr
). Une histoire de militaire sur son mirador, et de jeune fille arpentant l’Europe en quête d’un souvenir qui lui est étranger. Pas vraiment facile de vous en dire plus, tant le principe du roman hypermédia est poussé à son extrême.On navigue entre morceaux de textes et de sons, on clique à tout va sur phrases, lignes et photos, à la recherche d’une improbable cohérence. Drôle d’expérience (de vertige ?), déstabilisante à souhait pour les lecteurs linéaires que nous sommes (presque) tous restés. Où va l’écrit sur internet ? Dix conférenciers, dont Roger Chartier, Theodore Zeldin ou encore Umberto Eco, éminents invités d’un colloque virtuel sur le thème “Écrans et réseaux, vers une transformation du rapport à l’écrit ?”, organisé par le Centre Georges-Pompidou, répondent sur
www.text-e.org
: un nouvel exposé est mis en ligne tous les quinze jours, jusqu’en mars 2002.Beaucoup d’éditeurs n’ont pas encore mesuré la révolution littéraire en gestation, et s’obstinent à bouder le net. Les éditions POL ont le mérite de publier en ligne Légendes, de Martin Winckler (
www.pol-editeur.fr/feuilletion/index.htm
), sans toutefois s’embarrasser de liens hypertextes et autres navigations aléatoires. Chaque jour, jusqu’au 22 février 2002, un épisode inédit du roman est en ligne, dans une mise en forme conforme à une page de bouquin. Rien de révolutionnaire donc, mais une démarche qui démocratise le livre : la consultation du texte est gratuite. De son côté, la libraire La Boucherie propose un jeu sur l’histoire à base d’archives du Quai d’Orsay sur
www.laboucherie.com
. Mais la plus grande bibliothèque virtuelle reste celle de la Bibliothèque nationale de France, sur
http://gallica.bnf.fr
. Et 80 000 documents y sont consultables, parmi lesquels les ?”uvres complètes de Chateaubriand (
http://galli.bnf.fr/classique
), les discours (sonores) d’hommes politiques pendant la Première guerre mondiale (
http://gallica.bnf.fr/Archivesparole
), ou encore l’histoire du livre, du Moyen ?’ge à nos jours (http://gallica.bnf.fr, cliquer dans Découvertes, puis Thèmes, puis sélectionner Histoire du livre). À l’occasion de “Lire en fête”, la BNF s’attarde plus particulièrement sur l’art du livre arabe, proposant une riche exposition virtuelle de quelque 160 pièces (
www.bnf.fr
), des premiers manuscrits aux livres d’artistes contemporains, le tout sous un angle à la fois esthétique et technique.L’occasion de découvrir les fonctions du décor dans les corans, d’apprécier l’art du copiste, de se familiariser avec des écritures ancestrales. Et de mesurer le chemin parcouru entre les merveilles calligraphiques de l’écriture coufique, dont se servaient les Arabes avant le quatrième siècle de l’hégire, et les délires interactifs des chantres de lécriture web.

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Sophie Janvier-Godat