Le projet de loi sur la consommation porté par Benoît Hamon prévoit, entre autres, d’encourager la vente de lunettes et de lentilles sur Internet. Même s’il doit repasser devant le Sénat en janvier 2014, ce texte suscite de nombreuses réactions contrastées.
Le texte voté lundi 16 décembre 2013 par l’Assemblée nationale n’a pas les faveurs du Syndicat des opticiens entrepreneurs (Synope), loin s’en faut. « Entendons nous bien, nous explique Alexandra Duvauchelle, déléguée générale du Synope, nous n’avons aucun grief contre les acteurs sur Internet. Ce que nous disons, c’est que l’achat de lunettes ne peut pas être entièrement dématérialisé. »
Pour la dirigeante syndicale, la mesure de l’écart pupillaire que va devoir faire l’ophtalmologiste ne suffit pas pour fournir des lunettes parfaitement adaptées au consommateur. « Adapter des verres progressifs nécessite un travail très minutieux. Le texte présenté par ministre de l’Economie sociale et solidaire et de la Consommation montre une méconnaissance totale du métier d’opticien », s’insurge Alexandra Duvauchelle.
Pour la responsable, un site ne pourra jamais offrir le même service et la même qualité de produits qu’une boutique. « Les lunettes sont un produit de santé sur-mesure qu’Internet ne pourra pas fournir. »
« Pas question de remplacer les magasins par des sites Internet »
Un avis que ne partage évidemment pas le créateur du site de vente de lunettes Sensee.com, Marc Simoncini, qui s’étonne encore d’avoir déclenché une telle hostilité à son arrivée sur le marché. S’il ne souhaite plus s’exprimer sur le sujet, il l’a tout de même évoqué à l’antenne de BFM Business. Pour l’entrepreneur, « la guerre se termine ici ». Le projet de loi vient enfin encadrer le marché et l’entreprise va pouvoir « se développer autour de ce cadre ».
Quant aux arguments des opticiens sur la mesure pupillaire qui ne pourrait pas se faire sur la Toile sans risque pour le confort voire la santé du porteur de lunettes, Marc Simoncini explique avoir déjà eu recours à des huissiers pour prouver la validité de celles effectuées sur Sensee.com. Mais pour de plus être en but à ce reproche, le dirigeant demandait que cette mesure soit faite par un « professionnel référent de la filière », autrement dit l’ophtalmologiste. Ce qui sera le cas si cette loi est votée. « Comme ça il n’y aura plus de débat », indique-t-il au micro de BFM Business.
Pour le dirigeant, « il n’a jamais été question de remplacer les magasins par des sites Internet ». Seuls 10 % des consommateurs iront acheter leurs lunettes en ligne. Pas de quoi détruire l’équilibre du marché, juste se faire une place au soleil.
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B. Hamon : « La vente de produits d’optique en ligne fera baisser les prix », paru le 10/12/2013
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