Le Vendée Globe, ce n’est pas seulement un combat entre l’Homme et la mer déchaînée. Bien que cette impitoyable course à la voile soit en solitaire et sans assistance, elle représente aussi l’occasion de tester et d’améliorer des technologies. C’est la raison pour laquelle les célèbres centres de recherche Nokia Bell Labs ont engagé un partenariat avec le skipper britannique Alex Thomson il y a deux ans.
Le gros du travail c’est déroulé en amont de la course pour respecter la règle de non assistance. Le monocoque Hugo Boss dispose donc d’un serveur interne où il stocke toutes les données, ainsi que d’un réseau Wi-Fi qui s’appuie sur une connexion 4G près des côtes, et sur du satellite en haute mer.
Simplifier la prise de décision
La collaboration couvre de multiples aspects :
« Nous cherchons à améliorer les performances du bateau et d’Alex en lui présentant de la façon la plus simple possible toutes les informations dont il a besoin. L’idée, c’est de simplifier sa prise de décision », nous explique Thierry Klein, en charge du partenariat chez Bell Labs.
Car le cauchemar d’Alex Thomson, c’est de revivre ce jour où il avait percuté une falaise en Guadeloupe lors de la Route du Rhum 2018 : une alarme s’était déclenchée mais il ne s’était pas réveillé car il était épuisé.
Alors, les Nokia Bell Labs ont développé spécialement pour lui un dispositif de suivi des données biométriques qu’il porte au bras en permanence et qu’il recharge seulement tous les huit jours. Dépenses caloriques, fréquence cardiaque, sommeil, toutes ses activités et sa récupération sont scrutées à la loupe.
Surveiller le bateau
Il s’agit aussi de surveiller l’état du monocoque. Car son design est très particulier puisque le choix a été fait de rendre le cockpit totalement fermé pour protéger le skipper des éléments extérieurs. Alex Thomson conduit donc son bateau depuis l’intérieur mais l’œil rivé sur l’extérieur.
Si les Nokia Bell Labs n’ont pas participé à sa construction ni développé les capteurs, ils ont tenté là encore de centraliser les informations au mieux. Le navigateur dispose donc d’une application sur smartphone, tablette et PC lui fournissant la vue des caméras.
« Il peut les tourner, les incliner, zoomer à l’intérieur de l’image et même enregistrer et diffuser des vidéos pour ses fans », nous détaille Thierry Klein.
Améliorer le pilote automatique
Mais l’un des plus gros apports des Nokia Bell Labs concerne les réglages du pilote automatique qui ont été améliorés grâce à de l’apprentissage automatique. Car le bateau Hugo Boss est conduit 90% du temps par la machine.
« Il faut faire en sorte que le pilote automatique se rapproche le plus possible de la manière dont Alex conduirait. De manière à ce qu’il intervienne le moins possible pour le corriger ».
Ce qui ne signifie pas du tout que les skippers se tournent les pouces. « Ce n’est pas comme un train que vous mettriez sur des rails. Il reste beaucoup à faire : il faut choisir la route, la stratégie de la course et tous les changements de voile. Il y a tellement de variables entre le vent, les vagues et la météo. Même sur pilote automatique, le skipper doit observer constamment ce qui se passe et opérer des changements ».
Le dernier plan sur lequel interviennent les Nokia Bell Labs, c’est la connectivité bien entendu. N’oublions pas que le groupe Nokia est aussi un équipementier télécom.
« Nous tâchons d’améliorer et de stabiliser sa connectivité pour qu’il puisse communiquer avec son équipe et sa famille mais aussi envoyer des messages au public », témoigne encore Thierry Klein.
Un expérience transférable à d’autres environnements extrêmes
Surmonter l’adversité, le skipper Alex Thomson en a l’habitude comme tous ceux qui participent au Vendée Globe. Cette course lui a en effet mené la vie dure depuis qu’il y participe puisqu’il a connu aussi bien des avaries que des records de vitesse. Parti parmi les favoris cette année, il vient encore une fois de subir un incident qui l’a ralenti.
Car la course se gère sur une ligne de crête : il faut naviguer le plus vite possible sans aller jusqu’à la rupture. C’est un exemple extrême mais tout à fait applicable à des scénarios industriels.
« Nous apprenons beaucoup dans ce microcosme. Les technologies que nous développons seront transférables à d’autres environnements industriels comme l’extraction minière, les plate-formes offshore ou gazières », promet Thierry Klein.
Il espère, en attendant, que son champion terminera le Vendée Globe sans encombre et rêve même de pouvoir l’accueillir à son arrivée dans le cas où la situation sanitaire s’améliorerait.
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