Passer au contenu

Valeurs techno : l’année 2001 ne sera pas noire

“What a difference a day makes ! ” (que de différence en un jour), dit la chanson. Que dire d’une année alors ! Au cours des douze derniers mois, les investisseurs de la haute technologie sont passés de l’optimisme le plus délirant au pessimisme le plus noir ?” deux attitudes aussi excessives l’une que l’autre.

Mais comme les états d’âme extrêmes sont rarement durables, nous devrions connaître un nouveau retournement dans les mois qui viennent. L’impulsion viendra, comme toujours, des États-Unis.Comment va évoluer, outre-Atlantique, le secteur des TMT ? La longue période de forte croissance (dix ans, un record) que nous venons de connaître a été d’abord soutenue par les gains de productivité exceptionnels que les entreprises ont réalisés grâce à leurs investissements massifs dans la technologie : grâce au Net et aux activités connexes, ces gains ont été, au cours des six dernières années, de cinq à dix fois supérieurs à ceux des périodes précédentes (à l’époque, entre 0,5 et 1,5 % par an). Il est donc capital que le taux d’investissement des entreprises ne baisse pas.Bien sûr, il est également important que les facteurs macroéconomiques soient maîtrisés (et en particulier l’évolution des taux d’intérêt) mais, en l’absence d’erreur flagrante des banques centrales, le vrai danger proviendrait aujourd’hui d’une forte décélération des gains de productivité.Dans ce cas, même une politique de relance classique qui stimulerait la consommation des ménages ne permettrait pas d’enrayer un atterrissage brutal et donc une récession mondiale. L’administration Bush aura sûrement à c?”ur de stimuler l’investissement des entreprises dans la technologie.On peut imaginer ?” aux États-Unis et en Europe ?” des mesures fiscales comme le raccourcissement du délai légal d’amortissement des équipements (les PC sont amortis sur cinq ans mais sont obsolètes au bout de deux).L’autre incertitude qui pèse sur les marchés financiers est l’endettement des opérateurs de télécoms, aggravé, en Europe, par le système d’enchères pour l’attribution des licences des téléphones de troisième génération. C’est la perception de cette dette qui, en faisant des télécoms un secteur à risque, a cristallisé l’attention sur cette activité et a, probablement, accéléré la crise boursière mondiale. Pour retrouver un optimisme durable, l’indigestion financière des opérateurs télécoms doit être soignée, au moins partiellement.Que nous réserve l’an 2001 pour les jeunes entreprises de la nouvelle économie ? Probablement une embellie dès la deuxième moitié de l’année. Pourquoi cet optimisme ? Parce que les grandes sociétés sont condamnées à poursuivre leurs gains de productivité, et donc à investir massivement dans la technologie. Elles sont loin d’avoir terminé leur transformation ” Net-économique “.Prenons l’exemple de Cisco, concurrent d’Alcatel. Son PDG, John Chambers, nous expliquait il y a quelques semaines que la clé de l’efficacité organisationnelle de l’entreprise résidait dans les gains de productivité incroyables réalisés, grâce au web ou à des intranets, dans la prise de commande, le marketing, les ventes ou la fonction financière.Mais il nous confiait également sa conviction de se trouver au milieu du gué, et de posséder encore d’énormes gisements de productivité. Beaucoup de sociétés qui voient Cisco comme un ” benchmark ” (un modèle à imiter) ont mis en place d’importants plans d’investissements à long terme.

Les start-up les plus innovantes profiteront aussi de l’embellie

Qui va profiter de ces investissements ? Des majors du secteur, bien sûr, mais aussi des start-up innovantes qui apportent des améliorations technologiques spectaculaires ou permettent d’optimiser les technologies existantes.Comme kymata.com, entreprise écossaise qui propose aux sociétés de télécoms de résoudre les goulots d’étranglement dans la fibre optique utilisée pour le transport de données ou de voix. Ou loudcloud.com, jeune société américaine qui a inventé une technologie permettant d’optimiser la gestion des sites d’e-commerce. Ou encore razafoundries.com, autre start-up américaine qui fabrique des sous-systèmes et des composants pour les réseaux optiques.Ces sociétés devraient être introduites en Bourse en 2001. Car les marchés ont beau être plus sélectifs, ils continuent de fonctionner : qu’on se le dise, même pendant ces mois en demi-teinte, il y aura toujours de ” beaux coups ” à jouer !

🔴 Pour ne manquer aucune actualité de 01net, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.


Eric Archambeau