S’appuyant sur un contexte explosif (reportez-vous à notre encadré), le scénario du jeu prend comme point de départ les élections de mi-mandat de novembre 2010, annoncées comme une déroute absolue pour le Parti démocrate. Refusant d’admettre cet échec, Obama tente alors un coup d’Etat, suspendant la Constitution. S’ensuivent l’arrestation ou le passage dans la clandestinité de plusieurs figures conservatrices américaines, comme les animateurs Glenn Beck et Bill O’Reilly ou l’éditorialiste Michelle Malkin, qui deviennent autant de leaders d’un mouvement de reconquête auquel le joueur va prendre part, comté par comté, circonscription par circonscription, par la persuasion et par la force.
Business et activisme
Les huit auteurs de ce projet autofinancé, démarré en décembre 2008, immédiatement après l’élection d’Obama, revendiquent fièrement leur opportunisme, tout en écartant prestement toute intention séditieuse.
Comme nous l’a confié Michael Lodispoto, l’un des créateurs, « il s’agit bien évidemment de fiction, et notre intention n’est nullement d’inciter à la révolte contre l’administration Obama, sans quoi le Secret Service aurait déjà enfoncé notre porte depuis belle lurette ».
Les créateurs, qui décrivent leur sensibilité comme essentiellement libertarienne (une plate-forme politique strictement constitutionnaliste, opposée à la croissance du gouvernement et attachée aux libertés individuelles), veulent au contraire démontrer la possibilité d’une troisième voie et « sensibiliser le public aux actions de l’administration Obama, en train de transformer les USA selon un modèle marxiste ».
Embrouilles à gogo
Le portail du jeu comporte plusieurs sections indépendantes : informations, humour, quiz, communauté, etc. Toute activité rapporte des points, qui peuvent ensuite être exploités dans la partie war-game, un mélange de gestion et de jeu de guerre inspiré par Civilization et World of Warcraft.
Les points Communauté pourront ainsi être utilisés pour rejoindre un syndicat prêt à organiser des manifestations musclées ou un groupe de hackers virtuels. Le facteur économique est capital, pots-de-vin et extorsions faisant partie intégrante de l’arsenal du joueur. Des défis lancés aux autres participants permettent même de gagner des points à l’issue de matchs sur le Xbox Live ou le PlayStation Network. Les joueurs payants (10 dollars par mois) se voient offrir des récompenses monétaires en cas de victoire et disposent du droit des vainqueurs, celui d’écrire l’histoire. Humour et totale liberté de ton (« Ne venez pas si vous n’êtes pas préparés à vous faire insulter dans la bonne humeur ») sont de mise.
Une croissance spectaculaire
Le site compte désormais plus de 20 000 joueurs réguliers, dont 12 000 sont arrivés durant les trois dernières semaines, dépassant ainsi le seuil de rentabilité, même si les créateurs ont décidé pour l’instant de tout réinvestir dans la croissance du site et la dissémination de l’information.
Face à ce succès croissant, alimenté notamment par une couverture médiatique considérable (jusque sur la télévision russe), les annonceurs se bousculent à la porte. La prochaine étape ? United States of Space, un jeu de gestion spatial (prévu en version multilingue) se situant dans un avenir lointain, où l’humanité est enfin unie sous un gouvernement respectant les libertés individuelles. En attendant, histoire de prouver que leur loyauté envers la Constitution américaine et leur mépris pour le clivage républicain-démocrate n’ont rien de simples postures tactiques, les créateurs ont annoncé la sortie, prévue pour la semaine prochaine, d’un jeu anti-Bush, baptisé Ambush Bush, où le joueur devra traquer ce bon vieux W. jusqu’au fin fond du Texas. Gageons que le succès de leur entreprise saura inspirer de nombreux activistes, y compris parmi leurs plus féroces adversaires.
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