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Unifier l’administration des systèmes hétérogènes

En attendant le standard Bluefin, les constructeurs procèdent par échange de leurs API avec leurs concurrents, afin d’enrichir leur plate-forme d’administration au-delà de leurs matériels. Le procédé a ses limites.

En tête des préoccupations des entreprises dans le domaine du stockage : l’administration. Le problème réside dans la panoplie de logiciels propriétaires proposée par chaque constructeur. Une gestion unifiée est rendue encore plus difficile par le manque de standards et par les conflits d’intérêt entre les fournisseurs, ce qui limite les échanges technologiques. La situation s’éclaire, cependant, grâce au futur standard Bluefin, présenté en mai dernier par seize acteurs majeurs (dont BMC Software, Brocade, Computer Associates, EMC, HP, Hitachi, IBM, StorageTek et Veritas Software).

Premier objectif : couvrir les dénominateurs communs

Bluefin fournit une interface de programmation pour écrire des logiciels de découverte, de supervision et de gestion d’éléments (volumes logiques, zones SAN, verrouillage, etc.) dans un réseau de stockage.Des agents embarqués sur les matériels communiqueront avec les logiciels d’administration. Bluefin utilise le format de données CIM (Common information model), afin de décrire les caractéristiques des éléments, et WBEM (Web-based enterprise management) pour coder ces derniers en XML et communiquer en HTTP. Toutes les caractéristiques de chaque matériel ne pouvant être décrites, Bluefin couvrira d’abord leurs dénominateurs communs.Les travaux sur Bluefin sont hébergés par la SNIA (Storage Networking Industry Association) au sein du programme SMI (Storage management initiative). La première version est attendue d’ici à la fin de l’année. En 2003, la SNIA compte fournir des tests d’interopérabilité de Bluefin 1.0, et travailler à l’extension du standard aux NAS et aux SAN-IP.Selon le GartnerGroup, les composants SAN intégreront Bluefin, au plus tôt, en avril 2003 ; et les logiciels d’administration, pas avant la fin 2003. Le cabinet d’études conseille de s’enquérir, dès 2003, du support de Bluefin.En attendant, les constructeurs s’échangent leurs API, pour intégrer les matériels d’un autre fournisseur à leur plate-forme d’administration. Mais, c’est du donnant, donnant : “Nous partageons nos API avec qui est prêt à partager les siennes”, confirme Chris Gahagan, en charge des logiciels d’infrastructure d’EMC. À ce petit jeu, “chacun espère secrètement avoir le monopole”, considère Galen Schreck, du cabinet Forrester Research. Ce sont d’abord les ténors EMC et HP qui se sont entendus, tandis qu’IBM se rapprochait d’Hitachi. Or, en août dernier, HP et IBM ont convenu d’échanger leurs API.Ce qui n’empêche pas EMC d’ambitionner de fournir une plate-forme couvrant un grand nombre de matériels hétérogènes. Pour cela, fin 2001, le constructeur a lancé WideSky, un middleware qui traduit diverses interfaces vers une API commune. Mais, selon Raymond Paquet, du GartnerGroup, il est difficile pour un constructeur de chapeauter les autres. Les éditeurs indépendants pourraient être mieux placés. “Nous obtenons facilement les API des constructeurs, car nous sommes au-dessus de la mêlée”, affirme Jean-Baptiste Fuster, directeur marketing de CA. Mais l’exercice a ses limites. Son concurrent Veritas ne lui fournit pas ses API. Or, c’est un candidat sérieux au rôle de fédérateur. D’ailleurs, Roger Reich, directeur technique de Veritas, n’est-il pas président du comité Bluefin à la SNIA ?

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Annabelle Bouard