Du 16 au 19 avril, les araignées géantes, créées par l’association La Machine de François Delarozière, ouvraient les festivités des 153 ans du port de Yokohama au Japon. Un spectacle de rue poétique et inspiré qui faisait suite à sept mois de conception sur ordinateur et de construction.“ Certaines créatures de petite taille sont directement fabriquées par mon équipe à partir de mes croquis, explique le scénographe. Cependant, la fabrication de l’araignée de Yokohama était un chantier important qui supposait l’intervention d’une équipe de quinze personnes. L’utilisation des outils numériques était donc indispensable, car elle nous a permis de mener de front les chantiers de métallerie et de menuiserie. ” Pour mener à bien ses créations, l’artiste travaille en interaction étroite avec les ingénieurs de son bureau d’études, sous la direction de Claude Rigo. Une étape indispensable pour ajuster le design de chaque pièce de bois et de métal, et pour vérifier le bon fonctionnement de la mécanique une fois assemblée.“ Ce qui m’intéresse, c’est le mouvement en tant que principale expression de la vie, explique François Delarozière. Les rythmes et les cycles de répétition du mouvement d’une mécanique génèrent des émotions puissantes dans l’imaginaire du public. C’est de cette inspiration qu’est né mon théâtre des machines. ”L’araignée à Yokohama. Tout droit sorties de l’imaginaire de l’artiste François Delarozière, les araignées géantes arpentent les rues de Yokohama (Japon). Elles ont pris vie grâce à l’ordinateur.1. création du personnage de l’araignée. Dès la première ébauche réalisée à la main, François Delarozière prend en compte le fonctionnement mécanique de sa créature. Pour nourrir leur imagination, l’artiste et son équipe ont étudié l’anatomie et le comportement des araignées dans la nature. François peut alors s’affranchir du réalisme pour inventer le personnage dont il va raconter l’histoire. Même si les vérins viennent naturellement prendre la place des muscles, et les cuves d’air ou d’eau soufflés par la machine la place des poumons.2. Conception de la structure métallique. Le bureau d’études de La Machine se livre à une première analyse de faisabilité, à partir des croquis de François Delarozière. L’objectif est de préciser l’anatomie de chaque pièce métallique et d’optimiser le fonctionnement des pièces les unes par rapport aux autres. Une étape réalisée au moyen des logiciels de conception 3D Solid Works, Rhinocéros et Autocad, en interactivité constante avec l’artiste.3. Design des pièces de bois. Une maquette en bois de l’araignée au 1/10e est sculptée. Scannée en trois dimensions, elle permet d’obtenir au sein du logiciel Rhinocéros une “ peau ” numérique de la coque de l’animal. Ne reste plus qu’à agrandir virtuellement cette représentation pour vérifier qu’il n’y a pas de problèmes de butée ou de frottements entre les différentes pièces mobiles. Par exemple, ici les cônes rouges figurent l’encombrement des pattes de l’araignée géante.4. Impression des plans de fabrication. Une fois le design de la créature affiné, chaque pièce est divisée en strates de bois. Le logiciel Rhinocéros commande alors l’impression des plans de ces différentes strates, plans qui sont ensuite transmis à l’atelier menuiserie pour fabrication.5. Un pilotage au Joystick. Afin de réduire le nombre de marionnettistes embarqués, l’ingénieur automaticien Yves Rollot a programmé une aide à la manipulation des pattes de l’araignée. Des capteurs placés au niveau de chaque articulation mesurent la position de chaque patte dans l’espace, ainsi que la vitesse de déplacement de chaque segment de patte. Lorsque la patte touche le sol, l’ordinateur de bord déclenche une boucle de mouvement automatique qui va simuler le “ déroulement ” du pas de l’araignée. De quoi permettre aux manipulateurs de contrôler deux pattes en même temps.
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