‘ Ce jeudi 27 mars 2008 restera comme une journée noire pour le Web français ‘. Eric Dupin, le fondateur du site Fuzz.fr, n’a pas mâché ses mots en annonçant ce jeudi sur son
blog le verdict de l’affaire qui l’oppose à l’acteur Olivier Martinez.Ce blogueur influent du Web français vient en effet d’être condamné en référé par le tribunal de grande instance de Paris à payer 1 000 euros de dommages et intérêts et 1 500 euros de frais de justice à la partie
adverse, pour avoir porté atteinte à la vie privée de l’acteur. Mais il n’est pas le seul. Les jeunes éditeurs du blog Vivre-en-normandie.com et CroixRousse.net ont écopé eux-aussi de 500 euros de dommages et intérêts.Leur délit ? Avoir repris sur leurs sites un lien menant vers un article de source tierce qui évoquait une rumeur amoureuse entre Olivier Martinez et une célèbre chanteuse. Il y a un mois, le réalisateur du film La
Môme, Olivier Dahan,
faisait lui aussi condamner le site LesPipoles.com, pour avoir relayé par l’intermédiaire d’un flux RSS une information
litigieuse fournie par Gala.fr. Faut-il croire que le cinéma français veut la peau du Web 2.0 ? A priori non, si l’on considère qu’Olivier Dahan et Olivier Martinez ont surtout pour point commun leur avocat, Maître Emmanuel Asmar.
17 autres sites en attente de jugement
‘ Je suis affligé ‘, nous a confié Eric Dupin, peu de temps après l’annonce du verdict. ‘ Cette décision est grave car elle remet en question les fondements même du
Web communautaire. Elle montre aussi l’incompréhension de la justice quant au fonctionnement des sites comme Fuzz ‘.En effet, le tribunal a retenu la ‘ responsabilité d’éditeur ‘ d’Eric Dupin, alors que Fuzz.fr était alimenté en liens postés et catégorisés par les internautes eux-mêmes, comme le célèbre Digg américain. Le
site s’apparente donc clairement à un hébergeur non responsable de la nature de ses contenus, à l’instar de l’encyclopédie Wikipédia, récemment relaxée après des plaintes pour diffamation. ‘ Les Fuzz-like sont en danger de
mort ‘, prévient le blogueur.Le jeune éditeur lyonnais du site d’infos locales CroixRousse.net, Laurent Galichet, partage la même stupeur : ‘ Cela signifie que n’importe qui peut être attaqué pour avoir hébergé un lien sur son
site… C’est comme si on attaquait des kiosques à journaux lorsqu’un des magazines qu’ils vendent est poursuivi en justice ! ‘Laurent Galichet assure qu’il avait justement pris soin de ne relayer que le flux d’informations ‘ People ‘ de Yahoo!, pour éviter les rumeurs infondées. Raté. Selon nos informations, Yahoo! aurait aussi été
attaqué par l’acteur et ferait partie de 17 autres sites en attente de jugement.
‘ On ne nous a pas demandé de retirer le lien ‘
Eric Dupin comme Laurent Galichet ne cherchent pas à dédouaner les sites Web de toute responsabilité lorsqu’ils relaient des informations non vérifiées par leurs soins. Selon Lionel Thoumyre, fondateur de Juriscom.net, ce serait
d’ailleurs le
but recherché actuellement par la justice, pour rappeler que le Web n’est pas une zone franche.‘ Je me suis déjà posé la question, assure le fondateur de Fuzz. Mais le problème ici, c’est la méthode : on ne nous a jamais demandé de retirer le lien en question, ce que j’aurais fait.
On nous a directement assigné en justice… ‘.‘ La notification n’est pas véritablement une obligation, rappelle Maître Jean-Philippe Hugot, qui avait défendu Wikipédia. Mais cette situation n’est pas très encourageante. Il y a de plus en
plus d’affaires mettant en cause le statut flou entre hébergeurs ou éditeurs des sites Web. L’avocat relativise cependant la portée de l’affaire Olivier Martinez : C’est du référé, des décisions prises dans l’urgence. Elles
ne sont pas gravées dans le marbre ‘.Gageons que la communauté du Web 2.0, en ébullition depuis le début de l’affaire, saura se mobiliser pour faire entendre sa voix. Eric Dupin réfléchit d’ailleurs à un éventuel appel. Ironie du sort : le jour même du verdict
circulait dans la presse l’annonce d’un mariage probable d’Olivier Martinez avec la chanteuse évoquée initialement dans les liens litigieux…
🔴 Pour ne manquer aucune actualité de 01net, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.