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Une plus grande sécurité alimentaire grâce à la robotisation des sens

En couplant un nez et une langue électroniques, le système d’Alpha Mos diagnostiquera la présence de microbactéries pathogènes.

Soumises à de rigoureuses normes sanitaires, les industries alimentaires ont généralement recours à des panels humains ou à des analyses de laboratoire pour valider la conformité de leurs produits. Ces méthodes expérimentales, lentes, onéreuses et souvent subjectives, ne sont pas fiables pour identifier rapidement les éventuelles contaminations bactériennes. Le projet européen MICS (innovative functional materials and associated technologies for development of new and improved chemical sensors) a pour objectif de supprimer ces faiblesses en développant des instruments combinant des nez et des langues électroniques pour identifier l’odeur et le goût.“Associer dans un outil commun, nez et langue électroniques donnera aux applications une appréhension sensorielle proche de celle des humains car les réponses seront basées sur l’utilisation combinée du goût et de l’odorat. L’instrument de contrôle aura un grand potentiel pour détecter les degrés de fraîcheur des denrées alimentaires et, surtout la présence de bactéries pathogènes comme la listeria ou les salmonelles”, poursuit Jean-Christophe Mifsud, président de la société Alpha Mos France, un fabricant de nez électroniques à usages industriels, chargé de conduire le projet européen MICS.Créée en 1993 et cotée sur le Nouveau Marché à la Bourse de Paris depuis deux ans, cette entreprise toulousaine rassemble 40 personnes et a vendu près de 250 nez électroniques dans le monde. Elle prévoit de réaliser, cette année, environ 20 millions de dollars de chiffre d’affaires. “Au départ, l’introduction de cette technologie sensorielle dans l’équipement industriel concernait principalement le contrôle de la qualité des produits agroalimentaires, des cosmétiques, des emballages et la détection de l’intensité des odeurs de fumée. En plus de l’aspect qualité, nous nous intéressons aujourd’hui au domaine de la sécurité alimentaire, et particulièrement à la détection microbiologique, afin de donner aux industriels des outils fiables pour respecter les objectifs décrits dans le Livre blanc sur la sécurité alimentaire”, précise le président d’Alpha Mos, dont l’entreprise a également été une des premières à commercialiser une langue électronique.Le futur dispositif réagira par rapport à un étalonnage de standards de qualité prédéfinie qu’on lui aura assigné. Il utilisera des capteurs gaz (pour le nez) et liquides (pour la langue), ainsi que des logiciels de statistiques pour le traitement de l’information. Une intelligence artificielle associera des statistiques multivariées, la logique floue et des réseaux de neurones capables de travailler en plusieurs dimensions.Le goût et l’odeur du produit seront ainsi numérisés grâce à l’enregistrement d’une empreinte numérique qui fournira des réponses simples concernant les propriétés organoleptiques des denrées alimentaires testées.Retenu par la Commission européenne, le projet MICS bénéficie d’un financement global de 2 millions d’euros, dont 600 000 euros sont versés à Alpha Mos qui est chargé de la coordination, de la fabrication et de la vente des instruments en collaboration avec huit partenaires. Parmi eux, Unilever (produits alimentaires) et Biolands (ingrédients et matières premières), les ” end users partners ” (partenaires testeurs) et les industries clientes du futur système.Les recherches débuteront en janvier 2001 et devraient durer trois ans. L’objectif est d’offrir d’ici à un an un appareil opérationnel pour les industries agroalimentaires. En revanche, tout reste à faire dans le domaine applicatif. D’autant que le projet prévoit de s’étendre aux applications microbiologiques cliniques, d’où un partenariat avec Roche Nicholas, spécialiste du diagnostic médical.

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Miriam de Scorbiac