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Une photographie de la France aux couleurs plutôt high-tech

Dépôts de brevets, montant des investissements dans les NTIC, effectifs dans le secteur des hautes technologies… Le ministère de l’Économie vient de présenter son septième Tableau de bord de l’innovation. Il brosse un portrait de la France assez positif, mais perfectible…

“Donner une vision quantitative et qualitative de l’innovation en France afin d’alimenter la réflexion et les initiatives du gouvernement en la matière.” C’est toute l’ambition affichée par cette 7e édition du Tableau de bord de l’innovation, que vient de terminer la direction générale de l’Industrie, des Technologies de l’information et des Postes, au ministère de l’Économie. Une importante matière statistique qui pourra nourrir utilement les futurs débats consacrés notamment au projet de loi sur la société de l’information.Celui-ci devrait en principe être discuté à l’occasion de la prochaine session parlementaire, qui débutera à la fin de ce mois de juin. L’importance avérée de ce secteur économique pourrait, en outre, inciter certains cabinets ministériels à se saisir avec un peu plus d’enthousiasme de la question des nouvelles technologies. Afin de se demander, par exemple, pourquoi les entreprises françaises rechignent toujours autant à protéger leurs innovations.

Des brevets, sans forcer

“Au deuxième semestre 2001, le nombre de demandes de brevets européens publiés, d’origine française, reste stable (3 353) par rapport aux mêmes mois de l’année 2000, constate Raymond Heitzmann, chargé de mission au service des études et statistiques industrielles (Sessi) à Bercy. Et cela contrairement aux demandes d’origine allemande et britannique qui progressent nettement, respectivement de +12 % et +14 %.” Ces bons chiffres sont obtenus en partie grâce aux innovations dans le domaine de l’électricité et de l’électronique, représentent 23 % des brevets publiés.Car en matière de hautes technologies, tous les domaines sont loin de se valoir. En effet, si au cours du second semestre 2001, les créations d’entreprises ex nihilo dans les secteurs technologiquement innovants s’élèvent seulement à 4 333 unités (en baisse de 19,3 % par rapport à la même période de l’année 2000), ce chiffre cache de profondes disparités. Le nombre de créations de sociétés qui fournissent des services informatiques a fondu, alors que, dans le même temps, les naissances d’entreprises dans la chimie et les biotechnologies ont plus que doublé par rapport au second semestre 2000.On retrouve cette même orientation dans les choix des fonds d’investissement. Les experts du Sessi estiment pour l’année 2000 à 1 milliard d’euros le montant des sommes investies dans le capital-risque en France. Il n’y en aurait eu que 487 millions d’euros en 2001. “Les acteurs du capital-risque se dont désengagés du secteur des nouvelles technologies de l’information, pour se recentrer sur le génie logiciel et les sciences de la vie”, analyse Raymond Heitzmann.Autre indicateur particulièrement significatif : le niveau de l’emploi. Car malgré l’éclatement de la bulle internet, les effectifs dans les secteurs technologiquement innovants ont continué à progresser en France : 1,55 million de salariés au deuxième semestre 2000, 1,579 million au premier semestre 2001, et 1,593 million au deuxième semestre 2001. Soit une bonne nouvelle pour un pan de l’économie que l’on a pu présenter comme franchement sinistré après la fin des années folles d’internet.

L’OCDE s’inquiète pour la création

Une situation plutôt encourageante, alors même que des experts de l’OCDE viennent de publier une étude (disponible à l’adresse : http://www.oecd.org/fr/document/0,,FR-document-0-nodirectorate-no-2-21583-0,00.html) consacrée aux liens qui pourraient exister entre l’innovation et la protection sociale. Afin de savoir si le cadre juridique du travail aurait une incidence sur la capacité d’innovation des salariés. Un sujet crucial au moment où le secteur high-tech connaît une baisse de régime, et pourrait réclamer des aménagements légaux afin d’assurer son avenir. “La protection de l’emploi ne semble pas freiner l’activité de recherche et développement dans les secteurs de haute technologie caractérisés par un processus d’innovation cumulative, tributaire des compétences de travailleurs très spécifiques aux différentes entreprises (par exemple en ce qui concerne les composants électroniques et aéronautiques)”, assurent les analystes de l’OCDE. Même s’ils reconnaissent que des règles sociales trop lourdes, notamment en ce qui concerne les conditions d’embauche et de licenciement, peuvent avoir pour effet “de ralentir la rotation de la main-d’?”uvre, et donc de réduire l’activité d’innovation”. Soit une approche pour le moins libérale !

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Nicolas Arpagian