Une intelligence artificielle peut-elle enfreindre le droit d’auteur ? Manifestement oui, si l’on en croit l’expérience d’un chercheur de Georgia Tech, Mark Riedl.
Dans un projet personnel, parallèle à ses recherches professionnelles, il a mis au point une intelligence artificielle baptisée « Weird A.I. Yankovic ». Son nom fait écho à Weird Al Yankovic, un artiste américain qui réalise depuis les années 80 des parodies de chansons, dont certaines sont devenues très populaires.
Le but des algorithmes de Weird A.I. Jankovic est le même en version moderne : faire réécrire des paroles de chanson par une intelligence artificielle pour les parodier.
Le 15 mai, Mark Riedl publie sur Twitter une vidéo d’une version instrumentale de Beat It, de Michael Jackson, accompagnée de paroles écrites, façon karaoké. Le 14 juillet, il reçoit un message de Twitter lui indiquant que sa vidéo a été supprimée suite à une plainte des ayants droit ; en l’occurrence l’IFPI (International Federation of the Phonographic Industry).
Utilisation équitable ou violation du droit d’auteur ?
« Je suis assez convaincu que mes vidéos relèvent d’une utilisation équitable », explique pourtant Mark Riedl à Motherboard. D’autres de ses vidéos générées par l’IA et publiées sur Twitter n’ont d’ailleurs pas été supprimées, contrairement à sa première.
« Weird A.I. Yankovic génère des paroles alternatives qui correspondent aux schémas de rimes et de syllabes des chansons existantes. Ces paroles alternatives peuvent ensuite être chantées sur la mélodie originale, explique le chercheur. Les rimes sont choisies et deux réseaux de neurones, GPT-2 et XLNET, sont ensuite utilisés pour générer chaque ligne, mot par mot ».
La situation du chercheur de Georgia Tech est inédite et pose question quant au droit d’auteur lorsqu’il n’est pas enfreint par un humain. Peut-on modifier une œuvre dont on ne détient pas les droits au titre de la recherche expérimentale ? La question est encore discutée entre les acteurs du monde musical et scientifique.
Enfin, l’ironie vient également du fait que c’est certainement un algorithme qui a détecté cette violation du droit d’auteur conçue par… un autre algorithme. Les demandes des ayants droit se font généralement de manière automatique auprès des plates-formes et ces dernières retirent les contenus quasi automatiquement pour éviter d’éventuelles poursuites. Quand les algos prennent les rênes, le résultat n’est pas toujours celui escompté.
Source : Motherboard
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