La réussite d’un projet informatique au forfait résulte du maintien d’un équilibre fragile entre donneurs d’ordres et prestataires de services. Cette collaboration entreprises-fournisseurs est essentielle, car les développements forfaitaires engagés de nos jours sont associés à un fort degré d’incertitude ou de risque.Les caractéristiques des projets informatiques ont fortement évolué au cours de ces dernières années : périmètre transverse, multitude d’acteurs dont les objectifs peuvent s’avérer divergents, conduite du changement importante, technologies novatrices, démarches projets itératives et contraintes de performance fortes. A ce niveau de complexité viennent s’ajouter les contraintes liées à l’évolution de l’environnement ou de l’organisation des entreprises et aux interactions entre les projets. Ce qui nécessite, de la part des entreprises, réactivité et flexibilité.L’ensemble de ces paramètres a pour effet d’accroître considérablement le degré d’incertitude et de risque qui pèse sur le périmètre et le déroulement d’un projet. Le fait de ne pas intégrer cette évolution dès le début crée un contexte peu propice à une collaboration efficace et au maintien de l’équilibre de la relation. Le client a, en effet, tendance à considérer que le fait de disposer d’un engagement forfaitaire le préserve des aléas du projet et qu’il revient au fournisseur d’en assumer la part de risque ?” ce qui est compréhensible lorsque le projet est stable. Le fournisseur est conscient des risques pris. Mais, ne pouvant pas toujours les évaluer et les chiffrer dans sa proposition initiale, il s’inscrit immédiatement dans une démarche de suivi et de documentation des écarts ?” ce qui est compréhensible lorsque le projet est instable. Cette divergence d’approche, qui conduit à masquer la réalité du projet, à rechercher les responsabilités et non les solutions, aboutit, en général, à plus ou moins long terme, à une situation de crise.Il faut donc reconsidérer l’approche des développements forfaitaires pour maintenir l’équilibre de la relation durant tout le cycle de vie du projet. En particulier, par la définition d’un cadre de gestion des changements et des écarts qui garantira leur prise en compte immédiate et de façon équitable, réduisant ainsi les sources de tension, les risques de conflits et leurs conséquences sur le projet. Trois actions fondamentales s’imposent. D’abord, évaluer et prendre en compte le degré d’incertitude pour anticiper les évolutions potentielles et faciliter leur gestion ?” on définira, par exemple, des budgets complémentaires, débloqués d’un commun accord en fonction du déroulement opérationnel du projet. Ensuite, suivre rigoureusement les évolutions par rapport aux prévisions pour procéder aux ajustements opérationnels, financiers et contractuels nécessaires. Enfin, désigner une structure de médiation permettra de résoudre équitablement les difficultés n’ayant pu être traitées dans le cadre des actions précédemment évoquées.Certes, la mise en ?”uvre d’une telle démarche a un coût et nécessite de reconsidérer l’approche des développements forfaitaires. Néanmoins, ce coût doit être apprécié au regard de ceux susceptibles d’être générés par une situation conflictuelle, voire contentieuse, pouvant aboutir à labandon du projet.
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