Première publication le 14 avril 2009
Alors que le projet loi Création et Internet doit en principe de nouveau être examiné à l’Assemblée nationale le 28 avril 2009, à la suite du couac du 9 avril, la révolte s’organise. Un collectif baptisé « Manifestation contre Hadopi » appelle en effet les opposants à ce texte à descendre dans la rue. Rendez-vous est donné à Paris, le samedi 25 avril à 14 heures, place du président Edouard Herriot, dans le 7e arrondissement. Des cortèges devraient aussi battre le pavé à Marseille et à Lyon avec un objectif : faire reculer le gouvernement et le faire renoncer à son texte, jugé liberticide par le collectif.
A l’origine de cet événement, une association d’habitude plus encline à lutter contre les excès en matière immobilière. « Nous avons remarqué une activité inhabituelle sur les forums de notre site liée non pas aux problématiques du logement, mais à la loi Hadopi. Quand j’ai pris connaissance du texte, j’ai d’abord cru à un canular du 1er avril, évoque Jean-Michel Pouré, président de l’association Bulle immobilière. J’ai décidé de créer un site Internet pour l’occasion et d’organiser une manifestation contre ce texte qui restreint les libertés. La France ne doit pas devenir la Chine. »
Un minimum de 2 000 manifestants nécessaire
« Manifestation contre Hadopi » invite les internautes désirant participer aux cortèges à s’inscrire sur le site en laissant nom et adresse e-mail. Le 14 avril, en fin d’après-midi, quelque 1 000 personnes étaient inscrites, dont 700 pour Paris. Selon l’organisateur, il s’agirait d’un moyen de comptabiliser les troupes. En-deçà de 2 000 manifestants déclarés, le cortège ne défilera pas. « Il faut une masse critique pour avoir du poids », concède Jean-Michel Pouré. Passé le 25 avril, le site ne devrait plus être actif, et les adresses e-mails collectées détruites.
« Chaque inscrit a des compétences différentes auxquelles nous faisons appel. Le communiqué de presse a ainsi été rédigé à plusieurs mains. Ce sont les internautes qui nous ont demandé d’organiser des manifestations ailleurs qu’à Paris. D’autres, à partir de leur association et pour répondre à la demande, vont se charger de déposer les demandes d’autorisation en préfecture », développe Jean-Michel Pouré.
Un flash mob « artichaut » contre la loi
Le collectif recense pour le moment en tout et pour tout une seule association. Mais d’ici au 25 avril, Bulle immobilière espère avoir convaincu d’autres mouvements, plus habitués à lutter contre le texte de loi Création sur Internet, de le rejoindre. Il ne devra pas compter sur la Quadrature du Net.
« Nous croyons qu’il existe d’autres modes d’action plus efficaces que de manifester pour faire entendre nos arguments, explique Jérémie Zimmermann, porte-parole de la Quadrature du Net. Nous continuons d’informer les politiques, notamment en vue d’une éventuelle saisine du Conseil constitutionnel. »
Ce dernier collectif était à l’origine en mars dernier, d’un black-out de l’Internet français. « Nous laissons l’opération se poursuivre, afin de ne pas censurer ce “fouillis” créatif, [chacun pouvait créer son logo censuré, NDLR], s’amuse Jérémie Zimmermann. Au dernier pointage que nous avons effectué, deux millions de pages étaient en black-out. »
Ce n’est pas la première fois que les opposants à la loi Création et Internet tentent de faire entendre leur voix « physiquement ». Le 1er avril dernier, un collectif baptisé « Internet mon amour » appelait ainsi les anti-Hadopi à un flash mob sur Paris. Les manifestants s’étaient donné rendez-vous, un artichaut à la main, devant le ministère de la Culture. Si l’initiative a trouvé quelques échos dans la presse, force est de constater qu’il n’y avait pas de quoi faire une salade, au vu du nombre de participants :
La manifestation du 25 avril se veut, elle, plus sérieuse que ce sympathique happening horticole. Elle sera l’occasion de voir si les nombreux opposants au texte qui s’expriment sur la Toile et dans les forums, dont ceux de 01net., « sortiront du Web » pour faire entendre leurs voix dans la rue.
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