Une intégration encore perfectible

Les logiciels de gestion de contenu ne répondent pas à l’ensemble des objectifs qu’on leur a assignés. Ils ont désormais vocation à gérer l’intégralité du contenu de l’entreprise, mais se montrent encore chiches dans leurs capacités d’intégration. Leur ouverture au système d’information reste cantonnée aux systèmes de fichiers, aux bases de données, à quelques applications d’entreprise (du style progiciel de gestion intégré) et aux logiciels auteurs les plus courants. Cette dernière catégorie se résume, bien souvent, aux outils bureautiques de Microsoft et aux éditeurs XML.Les besoins exprimés par les entreprises sont pourtant bien plus larges. La gestion de contenu devrait aller, à terme, jusqu’à inclure les documents papier une fois numérisés. Certaines entreprises cherchent, par exemple, à ajouter leurs factures à leur système de gestion de contenu. La dernière version 5 de Documentum, qui vient d’être annoncée, dessine les nouveaux contours de la gestion de contenu étendue à l’ensemble de l’entreprise. Son concurrent, Vignette, se montre moins ambitieux sur ce terrain. Même si l’éditeur texan soigne l’intégration. Interrogé il y a quelques semaines, Bertrand de Coatpont, ingénieur avant-vente, le confirmait : “Nous travaillons à étendre la palette de connecteurs.” Depuis, l’éditeur a sorti des connecteurs pour Peoplesoft 8 et Siebel 7. Ils viennent s’ajouter à ceux destinés à SAP, Oracle, Domino et Exchange.

Installer ou non un module sur le poste client

Le nombre de connecteurs fournit une première indication sur les capacités d’intégration du système de gestion de contenu au système d’information. Cependant, c’est avant tout le mode de communication qui différencie les éditeurs. Documentum, fort de son passé dans la gestion documentaire, revendique une intégration poussée avec de nombreuses applications. “Nous avons développé une couche Odma^(*) pour les applications Microsoft”, indique Pierre Bernassau, directeur marketing de Documentum. Ce choix implique l’ajout d’un module sur le poste client pour les outils bureautiques de Microsoft. C’est aussi l’approche retenue, à moindre échelle, par Interwoven. A contrario, Vignette se fait un devoir ne pas toucher au poste client. Les contributeurs publient leurs documents dans un dossier, qui sera ensuite scruté par le système de gestion de contenu. La modélisation des processus s’effectue depuis un environnement de développement spécifique. On ne coupe pas à un développement. Mais celui-ci est très rapide, assure l’éditeur.(*) Odma : Open Document Management API.

Tudy Droumaguet (Syselog) : ” Privilégier le contenu au format standard “

” Il est de loin préférable ?” car plus rentable ?” de stocker le contenu dans un format standard plutôt que propriétaire. En cas de migration, le coût ne sera plus fonction de la volumétrie des données. Et cela fait une énorme différence. A titre indicatif, il faut compter, après passage des documents dans une moulinette, au minimum trois minutes de correction par page, et couramment dix minutes. Pour une base documentaire de quelques centaines de milliers de pages, comme il en existe dans les grandes entreprises, le coût devient pharaonique. C’est pourquoi il convient, lors du choix d’un système de gestion de contenu, d’en évaluer les capacités d’intégration avec les logiciels auteurs, comme Epic d’Arbortext ou XMetal de Softquad, aptes à générer des documents au format SGML ou XML. “

Pour ses sites, Bayard associe XMetal à Vignette

Quand Bayard lance sa filiale internet en juillet 2001, le groupe de presse a déjà une idée précise de ce qu’il en attend. Le projet, né six mois plus tôt, prévoyait la mise en ligne d’une dizaine de sites. Clicdapi.com, site d’éveil des trois/sept ans, ouvre le bal en juillet. Les neuf autres suivent en octobre. Hormis deux ou trois sites au service des activités traditionnelles du groupe de presse, comme la zone d’archives de La-croix.com, l’essentiel du contenu mis en ligne est original. A l’occasion, toutefois, il s’inspire des publications papier. L’alimentation de l’ensemble de ces sites requiert, au total, une cinquantaine de contributeurs. Sur le plan technique, Bayardweb avait également des idées arrêtées. ” Le choix d’échanger en XML s’est opéré dès le départ, se rappelle Laurent le Coustumer, chef de projet éditorial de Bayardweb. Il fallait en outre un outil déconnecté, qui permette une saisie simple. “ L’outil de gestion de contenu ?” celui de Vignette ?” est, en effet, hébergé sur une plate-forme distante chez Atos.

L’ensemble de ces contraintes a donc conduit Bayardweb à écarter les solutions de publication web pour équiper les postes des contributeurs d’un éditeur XML. C’est le logiciel XMetal, de Softquad, qui a été retenu. Sa personnalisation a nécessité plusieurs semaines de travail. Laurent le Coustumer détaille les différentes opérations menées : ” L’écriture de macros pour l’insertion d’éléments spécifiques à la DTD^(*), la mise au point d’une feuille de style pour la prévisualisation, l’enregistrement de modèles XMetal pour faciliter la saisie, la conception des barres d’outils, etc. “ C’est, au final, un investissement significatif pour un projet de cette ampleur. Et encore, les coûts de formation ont, dans un premier temps, été sous-évalués (voir témoignage). ” XMetal ressemble à un traitement de texte, mais ce n’en est pas un “, précise-t-il. Au vu des exigences, en termes d’industrialisation de la production du contenu, la filiale de Bayard n’avait cependant guère le choix. ” Obtenir le même résultat avec Word aurait exigé bien plus de travail “, justifie Laurent le Coustumer. Aujourd’hui, après un an d’existence, l’équipe technique de Bayardweb se réjouit de ses choix techniques.

(*) Document Type Definition

” Un coût de formation sous-évalué “