“Les SSII condamnées au marasme”, titrait récemment le quotidien économique La Tribune. Redoutant d’avoir manqué l’annonce d’un tsunami qui se serait produit à mon insu pendant les vacances, je me précipitai sur l’article. Ouf ! Il s’agissait en fait de la publication de chiffres d’affaires semestriels qui avaient le malheur de ne progresser ” que ” de 4 à 5 % : voilà ce que certains appellent” marasme ” ! De telles conditions de marché feraient le bonheur de nombre d’industriels d’autres secteurs. Mais sans doute les SSII ont-elles vécu pendant des années sur des taux de croissance et de marge tellement mirobolants qu’elles ont du mal à admettre de n’être plus aujourd’hui qu’une activité comme une autre. Et encore, à condition de savoir s’industrialiser comme l’ont déjà fait de nombreux autres secteurs du service ?” les voyages, l’hôtellerie, etc. Même les avocats fonctionnent désormais à l’horodateur. Ce retour à la normalité ne se fera pas sans mal, car les mauvaises habitudes ?” celles des riches ?” ont la dent dure. L’industrie informatique dans son ensemble, d’ailleurs, est à ce tournant : celui de la maturité et de la fin des années folles. Vendre un ordinateur ou un logiciel aujourd’hui est désormais un business aussi dur que de vendre un yaourt en hyper ou une voiture chez un concessionnaire. Les marges vont y être aussi tendues, la concurrence internationale aussi féroce. Bien plus qu’à un après-11 septembre, c’est à un après-eldorado qu’il faudra s’habituer. Ce n’est pas facile de devenir monsieur Tout-le-monde quand on a été le roi du monde. Dans cette affaire, les seuls qui ne se soient jamais trop emballés, à part quelques risque-tout, ce sont les utilisateurs, souvent sidérés par l’attitude des fournisseurs. Désormais, ils vont avoir en face d’eux des commerciaux ” normaux “, avec lesquels ils pourront négocier garantie de prix et de délais, qualité et fiabilité, interopérabilité et évolutivité, et le tout avec engagement de résultats. Le business, quoi !
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