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Une grève de la faim chez Club-Internet

Depuis le mardi 5 décembre au soir, Bruno José Lebeau, délégué syndical FO, a entamé une grève de la faim. Objectif : défendre les intérêts des salariés du service commercial de Club-Internet. La direction se dit choquée par cette action individuelle, qu’elle considère disproportionnée.

14 h 30, mercredi 6 décembre 2000. Dans un petit local réservé aux représentants syndicaux de Club-Internet, Bruno José Lebeau reçoit un médecin envoyé par la direction des ressources humaines. A peine entré, le médecin de quartier, qui dit ne pas être au courant de l’affaire, lâche quelques mots malheureux : ” Vous devriez accepter un arrêt de travail pour prendre le temps de trouver un autre emploi. “Bruno José Lebeau (BJL pour les intimes) refuse de se laisser ausculter. Pour lui, l’arrêt de travail, c’est le retour forcé dans son appartement de Sarcelles, donc la perte du pouvoir qu’il s’est octroyé en entamant une grève de la faim, le 5 décembre au soir. Il lui faut donc rester sur son lieu de travail pendant la journée, afin de sensibiliser ses collègues et la presse.

Le dialogue social mis à mal

A l’origine de cette grève de la faim, selon Bruno José Lebeau, une rupture des négociations salariales sur la hausse des salaires de la part de la direction de Club-Internet, le 30 novembre dernier. Catherine Dutoya, directrice des ressources humaines de Club-Internet crie au mensonge.” La grille des salaires a été remise en cause le 18 octobre dernier. Les augmentations se faisaient jusqu’alors à l’ancienneté, elles sont désormais décidées à la tête du client “, s’insurge Bruno José Lebeau.Catherine Dutoya dément, et ajoute : ” Nous avons fait, avec les 35 heures, un effort considérable pour l’année 2000. Nous avons promis que les salaires ne seraient ni réduits ni bloqués. C’est un acquis social considérable. “Le gréviste exige aujourd’hui que les primes mensuelles ?” octroyées à une partie des salariés du service commercial en fonction du nombre d’appels traités par jour (80 pour avoir une prime mensuelle de 1 200 francs par mois) ?” soient intégrées au salaire fixe de la totalité des salariés du service commercial (près de 100 personnes). La direction refuse.

Question de méthode

Pourquoi la grève de la faim et pas une grève traditionnelle ? Le syndicaliste répond qu’on ne lui a pas laissé d’autres solutions. “Dans le cas d’une grève, nous aurions tenu dix jours, puis nous aurions tout perdu. Imaginez ce que représentent dix jours de salaire pour une personne qui gagne environ 6 000 francs par mois. C’était impossible.”, précise le gréviste.Une de ses collègues, également syndiquée à Force ouvrière, ajoute : “La direction m’a affirmé qu’elle pourrait soutenir une grève classique sans aucune difficulté, en basculant nos appels vers un service de sous-traitance.” Selon elle, la direction aurait également menacé les employés de fermer le service.Autre argument de l’action individuelle de Bruno José Lebeau : la protection syndicale. Citant l’article 412 alinéa 20 du Code du travail, il explique : ” L’article prévoit que les délégués syndicaux peuvent avoir des heures de délégation exceptionnelles. Puisque la direction a rompu les négociations, je considère donc que je peux exercer mon droit syndical en toute sécurité. “La méthode n’est pas du tout appréciée par la direction qui parle “d’injustice”. Catherine Dutoya estime que“les salariés sont plutôt bien lottis chez Club-Internet”, et que l’action de Bruno José Lebeau est “en décalage par rapport à la réalité des choses.” Il n’y aurait, selon la direction, “aucun dialogue possible avec ce dernier.”.Dialogue de sourds ? La direction espère en tout cas que l’image de Club-Internet ne sera pas entachée par cette grève de la faim. De son côté, Bruno José Lebeau se dit prêt à aller jusqu’au bout : ” Si je dois finir à l’hôpital, ils seront dans de beaux draps ! “, samuse-t-il.Action surdimensionnée ? Peut-être. Mais Bruno José Lebeau espère en tout cas par son action éveiller les consciences de toutes les petites mains de la Net-économie.

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Mélusine Harlé