A l’heure des plans d’économies et du lancement de nouveaux services à valeur ajoutée, les grands opérateurs mobiles européens prêtent la plus grande attention aux solutions de médiation. Aussi discrètes que stratégiques, ces solutions permettent la collecte d’informations à partir de tout type d’équipement de réseau, leur transformation dans un format utilisable par les applications métier des opérateurs (facturation, gestion de la relation client, etc.), et leur transfert vers ces applications. Jusqu’au début des années quatre-vingt-dix, ces systèmes se contentaient de recueillir, auprès des commutateurs, des informations simples sur un appel (distance, durée, heure) pour les transformer et les envoyer vers un système de facturation. Ace Comm, Comptel, Intec comptaient alors parmi les principaux fournisseurs des solutions de médiation pour réseaux commutés. Avec internet ont émergé des systèmes spécialisés dans la recherche d’information parmi les paquets de données et les myriades de serveurs prenant part aux transactions IP. Hewlett-Packard, mais aussi des start-up, telles Narus et Xacct, se sont alors emparés de ce marché émergent. Puis est apparu le besoin de médiation convergente, pouvant collecter de l’information brute sur tout type de réseau, en pré-payé/post-payé, très tôt identifié par Openet Telecom ou Kabira.
Un concept rajeuni
Si l’idée n’est pas récente, et les solutions depuis longtemps développées, les opérateurs télécoms ont souvent conservé leurs anciens systèmes de médiation, les adaptant tant bien que mal aux nouvelles exigences du marché. Mais avec le lancement de nouveaux services à valeur ajoutée pour le GPRS puis, à terme, l’UMTS, les opérateurs ont dû imaginer de nouvelles formes de facturation comme le micropaiement à l’acte ou au volume, et ce en temps réel pour gérer les droits d’accès. “Certains opérateurs mobiles nous ont d’abord sollicités pour notre solution de prépaiement en temps réel, et envisagent aujourd’hui la refonte complète de leur système de médiation. La croissance exponentielle du nombre d’abonnés étant terminée, les besoins d’économies de fonctionnement deviennent urgents”, explique Stuart Kelly, directeur commercial d’Openet Telecom. Ainsi, le lancement de nouveaux services devant être gérés en temps réel contribue à sensibiliser les opérateurs mobiles à l’ensemble des possibilités de la médiation convergente. Devenus la cible première des éditeurs de solution de médiation, ces opérateurs sont particulièrement sensibles au manque à gagner dû à des collectes incomplètes ou erronées d’information, à des pertes ou des erreurs de transfert de données entre des systèmes hétérogènes ou à des problèmes de configuration de routeurs. Ces pertes sont estimées à 4 % du chiffre d’affaires par IDC. Développant parfois leurs propres solutions de médiation, les opérateurs connaissent bien la problématique. Pourtant, 33 % des fournisseurs de services ne connaissent pas le taux de leur propre perte de revenu, estime le Yankee Group.En unifiant et en automatisant les échanges de données (centralisation des algorithmes permettant la conversion de l’information), la médiation convergente promet beaucoup : une facturation flexible, mais aussi une meilleure collecte de données, une détection des fraudes en temps réel, une analyse marketing des besoins des abonnés…
La relance d’un marché
“Globalement, le marché de la médiation ?” logiciels et intégration de systèmes ?” a reculé entre 2000 et 2001, passant de 300 millions de dollars [308,4 millions d’euros, ndlr] à 271 millions de dollars”, estime Levent Toros, analyste senior chez IDC. Comprenant aussi bien la médiation des réseaux commutés, la médiation IP, que la médiation convergente, ce marché devrait toutefois augmenter de 35 % par an en moyenne au cours des cinq prochaines années, pour atteindre 1,2 milliard de dollars en 2006. Et progressivement, le marché de la médiation convergente devrait s’imposer face à celui de médiation traditionnelle et IP.Hors intégration, le cabinet d’études Yankee Group estime de son côté que le marché de la médiation passera de 327 millions de dollars en 2000 à 1,2 milliard de dollars en 2005.
4 start-up qui comptent dans la médiation
Openet Telecom (IE)Date de création : juillet 1999
Fondateurs : D. Conway, J. Hogan, G. Curtin
Nombre de salariés : 110
Fonds levés : 23,2 M?
Fonds recherchés : NC
CA prévisionnel 2002 : NC
Partenaires stratégiques : Siemens, Nortel, Cisco,Accenture, Cap Gemini Ernst & Young, Fujitsu, LogicaLa plateforme Fusion Works Mediation d’Openet Telecom présente l’avantage d’avoir été conçue, dès l’origine, pour être convergente. Associée à des équipementiers tels que Siemens (voix et GPRS), Nortel (DNS voix et IP) ou Cisco (mobile) pour équiper leurs infrastructures, la start-up a aussi bien adapté ses solutions aux réseaux fixes et mobiles, 2,5G et 3G, qu’aux réseaux IP. Répondant à une nouvelle demande, son système de gestion d’événements en temps réel Fusion Works Pre-paid est d’ores et déjà utilisé par des opérateurs mobiles comme TMN (Portugal Telecom). Openet compte une vingtaine de références clients : une dizaine d’opérateurs IP et une dizaine d’opérateurs mobiles, dont AT & T Wireless. Dans les mois à venir, elle se concentrera d’ailleurs sur ce dernier marché.Xacct Tech. (US)Date de création : mai 1997
Fondateurs : L. Schweitzer, E. Wagner
Nombre de salariés : 200
Fonds levés : 89 M?
Fonds recherchés : pas pour l’instant (pré IPO)
CA prévisionnel 2002 : 29,5 M?
Partenaires stratégiques : plus de cent, dont Sun, Motorola, Cisco System, Portal Software, Convergys/Geneva, Amdocs, Cap Gemini Ernst & Young, Accenture…Éditeur de solutions de médiation et de provisioning pour la gestion des données réseau, Xacct propose aux opérateurs sa plateforme logicielle convergente Network-2-Business fournissant en temps réel un lien entre les réseaux mobiles ou fixes, IP ou à circuits commutés, et les systèmes de back-office métier ou de support d’exploitation tels que la facturation (dont le prépayé), la GRC, la gestion de fraude et l’analyse de trafic. Son chiffre d’affaires (22 millions d’euros en 2000) est généré à 70 % par une douzaine d’opérateurs mobiles (M3G, Omnitel Vodafone…) et à 30 % par les opérateurs IP (9Telecom, Genuity…). Un accord avec Motorola permet à Xacct d’être pré-installé sur l’ensemble des infrastructures 3G que vend l’équipementier.Narus (US)Date de création : 1997
Fondateurs : O. Cohen, S. Khirman
Nombre de salariés : 110
Fonds levés : 72 M?
Fonds recherchés : pas pour l’instant
CA prévisionnel 2002 : 15 à 20 M?
Partenaires stratégiques : Amdocs, Cap Gemini Ernst & Young, Convergys/Geneva, Cisco System, NTT Software, Portal Software, RateIntegration, Sun Microsystems…Les solutions de Narus permettent la collecte en temps réel d’informations détaillées sur le comportement des abonnés, directement via la fibre (jusqu’au niveau applicatif) ou par polling (collecte logicielle sémantique). Après avoir été corrélées, filtrées et agrégées, ces données sont redistribuées vers les applications métier (gestion trafic, facturation, etc.), afin, par exemple, d’optimiser les revenus ou de détecter les fraudes. Avec une capacité de 20 millions d’événements par heure, les solutions de Narus sont utilisées par l’internet mobile, les fournisseurs de haut débit et les fournisseurs de services. En plus de clients tels que KDDI, Voice Stream ou AT & T Broadband, Narus sera bientôt intégré à l’offre de médiation Gaïa Global de France Telecom.Kabira Tech. (US)Date de création : 1996
Fondateurs : D. Epperson, D. Sifter
Nombre de salariés : < 200
Fonds levés : NC
Fonds recherchés : pas pour l’instant
CA prévisionnel 2002 (en France) : 10 M?
Partenaires stratégiques : Cap Gemini Ernst & Young, Accenture, EDS, Convergys, Cramer, Portal, Micromuse, Netonomy, Tibco, Volu Bill…Kabira est surtout connue comme leader de l’intégration d’application réseaux et comme éditeur de solutions de provisioning et d’activation d’éléments réseaux. Pourtan, son offre de solutions de médiation représente déjà un bon tiers de son chiffre d’affaires et ne cesse de croître. La start-up profite en effet du défi d’intégration inhérent à la médiation convergente pour mettre en avant ses propres modules à valeur ajoutée (médiation, activation) et son atelier de génération de services et d’interface de données. Avec les systèmes dévaluation et de facturation Geneva, les services de médiation Kabira sont convergents et agissent en temps réel. Ils ont déjà séduit des clients tels que France Telecom, Noos, Meteor ou IAM Morocco.
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