Des villages inondés, des zones désertiques, ou encore des cités à l’atmosphère irrespirable : peut-on réellement accorder foi aux scénarios que délivrent les supercalculateurs ? En fait, de nombreux experts redoutent une interprétation trop terre à terre de leurs résultats. Car les incertitudes sont telles que seules de grandes tendances peuvent être dégagées.Les mécanismes physiques régissant le climat sont volontairement simplifiés. Les supercalculateurs ne sont pas encore assez puissants pour résoudre les équations qui définissent la circulation d’un courant ou les transformations d’une goutte d’eau dans l’atmosphère. Par conséquent, les équations sont simplifiées. Selon la façon de déterminer les caractéristiques physiques des nuages, par exemple, on obtient un réchauffement moyen qui varie de 1,8 à 5,5 ?’C pour un doublement de la quantité de gaz carbonique atmosphérique.Les températures et les précipitations sont calculées sur un nombre insuffisant de points du globe. La maille élémentaire typique, pour une planète virtuelle, est de quelques centaines de kilomètres sur le plan horizontal et de quelques dizaines de niveaux sur le plan vertical. Les chercheurs ont certes des données sur un nombre supérieur de points mais pas encore les capacités de calcul pour un maillage plus fin. Pour le climat du futur, impossible de distinguer une région de France. On ne peut raisonner qu’en termes de zones géographiques comme l’Europe du Nord ou l’Afrique centrale.Certains phénomènes naturels ne sont pas encore compris. C’est le cas, par exemple, de la chimie atmosphérique. Difficile, dans ce cas-là, de mettre en équations et de simuler un fonctionnement que les chercheurs n’ont pas encore entièrement décrypté.La validité d’une simulation est très difficile à vérifier : impossible de se projeter dans le futur. Pour vérifier la fiabilité d’un modèle, les comparaisons avec des données passées du climat sont donc indispensables. Mais elles sont peu nombreuses et hétérogènes. D’autre part, si la comparaison des modèles entre eux est instructive, les fondements théoriques sont néanmoins proches : équations, approximations, contraintes… Ainsi, les erreurs communes ne peuvent être décelées par ce procédé.Tous les paramètres ne sont pas pris en compte. Les modèles négligent souvent les composantes biologiques ou chimiques. Et si les planètes virtuelles associent désormais atmosphère et océan, il faut aussi simuler le fonctionnement des glaciers, dont le rôle à long terme est primordial. Enfin, un doublement de la quantité de dioxyde de carbone dans l’atmosphère dépend fortement d’un modèle économique, rarement pris en compte. Pourtant, une erreur de 1 % sur un taux de croissance économique repousse de trente ans la date de ce doublement.Par définition, les prévisions ne sont pas sûres. Puisqu’il s’agit de calculs statistiques, il sera toujours impossible d’avoir des certitudes en matière climatique. Les chercheurs espèrent réduire les erreurs et obtenir des probabilités maximales, mais jamais un modèle ne dira : “Il y a 100 % de chances que la température augmente de 2 ?’C.”
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