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Une association familiale appelle à plus de contrôle sur les jeux vidéo

‘ Familles de France ‘ réclame un régulateur. Une requête inutile, de l’avis même de l’Union des associations familiales.

Tout comme les films et les émissions télévisées, les jeux vidéo comportent une signalétique pour informer les adultes sur leur contenu : âge minimum requis (3, 7, 12, 16 et 18 ans), violence, usage de gros mots… Cela
grâce au système
Pegi, une classification mise en place il y a trois ans par l’industrie du jeu vidéo elle-même. Mais, selon l’association Familles de France, cette classification est mal respectée et les
mineurs ont facilement accès à des jeux qui leur sont interdits. Pour y remédier, elle appelle notamment les pouvoirs publics à créer une autorité de régulation, comme le CSA pour l’audiovisuel ou le CNC pour le cinéma.‘ Familles de France ne fait qu’agir suite aux demandes de consommateurs, qui se plaignent de voir du contenu inadapté à la portée des mineurs ‘, souligne Antoine Cheron, avocat de
l’association. Selon Maître Cheron, Familles de France dénonce tout d’abord la mauvaise classification de certains jeux et le manque de contrôle à la vente par la plupart des distributeurs. ‘ La classification Pegi fonctionne
bien. Elle est même plus stricte que celle de l’audiovisuel ! ‘,
rétorque Jean-Pierre Quignaux, chargé du pôle média et nouvelles technologies de l’Union des associations familiales (Unaf), dont fait pourtant partie
Familles de France.Adoptée par seize pays européens, Pegi est utilisée par quasiment tous les éditeurs qui vendent leurs jeux dans ces pays. Pour chaque nouvelle production, ils remplissent un formulaire pour en détailler le contenu et le tout est validé
par un institut hollandais, afin d’attribuer la signalétique. ‘ En plus, si un consommateur constate qu’un jeu est mal classé, il peut le
signaler sur le site de Pegi
et un comité d’arbitrage fait sa propre vérification ‘, insiste Jean-Pierre Quignaux, qui a déjà reclassé des jeux au sein
de ce comité. ‘ Mais les plaintes sont plutôt rares ‘, ajoute-t-il.

Vérifier l’âge de l’acheteur

Il reconnaît cependant que des efforts sont à faire chez les distributeurs : ‘ Ils devraient fournir plus d’informations et de conseils pour alerter le public. Les jeux pour les plus de 18 ans
nécessiteraient par exemple des présentoirs spécifiques. ‘
Un avis partagé même par le Syndicat des éditeurs de logiciels de loisirs (Sell) : ‘ C’est vrai qu’il y a une faille quant à l’âge de
l’acheteur, mais là, on touche au problème de la censure…,
prévient Jean-Claude Larue, délégué général du Sell et ‘ père ‘ de Pegi. ‘ Pourquoi ne pas imposer de montrer sa carte
d’identité lors d’un achat de jeu, comme c’est le cas en Allemagne ? ‘,
propose l’avocat de Familles de France.Une solution inenvisageable pour le Sell : ‘ Comment demander un tel contrôle à une caissière de Carrefour ! Mais nous testons d’autres systèmes, comme des boîtiers de couleur, plus facilement
repérables, qui pourraient être bloqués à la caisse,
explique Jean-Claude Larue, qui bondit à l’idée de la création d’une autorité de régulation spécifique au jeu. L’industrie du jeu a pris l’initiative de la classification,
alors qu’elle n’a rien d’obligatoire légalement. Tous collaborent en bonne intelligence alors pourquoi créer un énième comité et légiférer à tout prix ? C’est aussi aux familles de prendre leur responsabilité face à leurs
enfants… ‘
A y regarder de plus près, l’association Familles de France ne conteste pas seulement la classification ou l’accès aux contenus choquants, mais bien leur existence même. Elle cite ainsi dans son dossier de presse, entre autres exemples,
un jeu où il est possible ‘ d’uriner sur ses victimes pour les faire vomir ou d’utiliser des chats comme silencieux pour ses fusils ‘ pourtant bien classé pour les plus de 18 ans… Rappelant que
la classification Pegi n’est pas obligatoire, elle semble regretter que ‘ par conséquent, à ce jour, aucun jeu n’est réellement interdit à la vente ‘. Reste un écueil certain, aucune classification
n’est appliquée aux jeux sur Internet : une charte serait en préparation, selon l’Unaf et le Sell.

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Julie de Meslon