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Une année de tempête pour les sociétés de services en logiciel libre

Trop enthousiastes, nombre de SSLL ont bu la tasse dans les douze derniers mois. La recette des autres : un business model traditionnel et un financement solide.

En redressement judiciaire, la société de services en logiciel libre (SSLL) Alcôve a finalement été rachetée le 28 octobre dernier par la SSII Genious, dont elle devient la filiale spécialisée. Cette opération ponctue une année catastrophique pour bon nombre de prestataires de ce monde.Parmi les premières à capituler, Aurora s’est vue avalée par Systrans, un spécialiste des logiciels de traduction. Linbox a été revendue à un autre acteur du libre, Free & Alter Soft. Spécialisée dans l’assistance aux projets libres, Opencare a tout simplement fermé. Enfin, cet été, les actionnaires d’IdealX ont décidé de remplacer la direction de la firme.

Une anticipation de la croissance du marché

Pourtant, le marché du logiciel libre est plus que prometteur. Les grands comptes le prennent au sérieux, et l’Administration ne jure que par lui. Mais le problème est bien là. Certaines SSLL ont été victimes de ce succès et ont péché par excès d’enthousiasme.
” Nous nous sommes trompés, reconnaît ainsi Lucien Petit, toujours à la tête d’Alcôve. Non seulement nous avons anticipé une croissance du marché, mais, de plus, nous avons compté sur un deuxième tour de table en fin 2001, qui ne s’est jamais concrétisé. Nous avons embauché des top managers, ouvert des filiales à l’étranger, loué sept cents mètres carrés supplémentaires, etc. “2002 apportera toutes les désillusions : redressement judiciaire, départ de trois personnes sur vingt-cinq, fermeture de toutes les filiales, à l’exception de celle de Bonn. Et, au bout du compte, seule la vente sauvera Alcôve de ses 2 millions d’euros de dettes. “Certes, être rentable est ennuyeux, commente Alexandre Zapolsky, PDG de Linagora. Il faut bel et bien s’appuyer sur ses clients, et non pas compter uniquement sur les fonds d’investissement.”

Le nouveau mot d’ordre : la professionnalisation

De cet excès d’enthousiasme découle une véritable erreur de gestion. Résister sur un marché qui devient de plus en plus mûr, même s’il s’agit du logiciel libre, nécessite une professionnalisation du métier. Ceux qui ont traversé la tempête sans encombre avaient fait le choix d’un modèle inspiré des SSII.De son côté, Lucien Petit raconte : “Il y a deux ans, nous étions en contact avec des chefs de projet. Maintenant, c’est le DSI, voire le directeur des achats qui nous reçoivent.” Et le patron de la toute nouvelle filiale de Genious de se prendre à rêver de spécifications clients, de formulation de leurs attentes, de jalons, etc. Et même de mode forfait.Un mot qui ne fait pas peur aux Linagora, Openwid, ou même IdealX. Genious, certifié ISO 9001 et habitué des grands comptes, apportera ce sérieux à Alcôve, qui, elle, détient la reconnaissance technique. Même type de réflexion pour le nouvel actionnaire majoritaire d’IdealX, le fonds d’investissement de la Caisse des dépôts et consignation. Il vient de confier les rênes à Olivier Guilbert, un ancien d’IBM. Sa mission : faire passer la société du mode start up à l’âge adulte.

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Emmanuelle Delsol