Nous sommes en négociations avancées pour racheter des sociétés françaises ayant un savoir-faire en sécurité et en infogérance“, expliquait, à la fin de l’année 2000, Pierre Debesson, p.-d.g. d’Elona. Cet aveu confirme que le mouvement de consolidation de rachats, sans précédent, affectant depuis deux ans les sociétés d’intégration de réseaux, n’est pas terminé. La cible se déplace toutefois vers des proies de plus en plus spécialisées.
Des géants ontchangé d’actionnaires
Tous les grands acteurs de ce marché sont, en effet, incités à se déployer dans les services à forte valeur ajoutée, en raison de l’érosion des marges qui affecte des prestations comme l’installation ou le déploiement de matériels actifs (routeurs). Ainsi, le groupe belge Telindus, qui poursuit sa politique de croissance externe dans l’Hexagone, a racheté la société de conseil en sécurité informatique CF6. Cette dernière prévoyait, au moment de son rachat, de réaliser en 2000 un chiffre d’affaires de 70 millions de francs avec cent salariés. “Beaucoup de clients souhaitaient disposer d’un partenaire offrant une prestation complète de la conception au déploiement, et au support de réseaux et de systèmes sécurisés“, souligne Dominique Tessier, directeur général de Telindus France.D’autres acquisitions ont émaillé l’année 2000. Des poids lourds comme Dynetcom (racheté à la fin de 1999 par le belge Detron, lui-même tombé dans l’escarcelle de Landis en juillet 2000) et Memorex Telex (intégré au groupe allemand Systematics AG en mai dernier) ont changé d’actionnaires. Des intégrateurs de moindre importance ont aussi échoué dans le giron de plus grands qu’eux. Axians a, à la fin de l’été, jeté son dévolu sur NPS Networks, ses quarante salariés et ses 65 millions de chiffre d’affaires.Les intégrateurs de réseaux au rayonnement national n’appartenant pas à un groupe de taille plus importante se font donc de plus en plus rares. Apogée aurait pu être absorbé par Compaq, si la négociation n’avait pas échoué au dernier moment. Ce n’est peut-être que partie remise…
De l’ingénierie électrique à l’intégration de réseaux
Les intégrateurs régionaux, quant à eux, à l’instar d’IVM, présent dans l’Ouest ; ou d’Integral Solutions, actif dans le Sud-Ouest, tombent les uns après les autres dans les bras de sociétés soucieuses de densifier, en termes de services, leur couverture en province : RCS pour le premier, Telindus pour le second.Les puissances montantes dans l’intégration de réseaux en France sont à chercher du côté des géants du BTP. Ces derniers ont déjà fait leur marché en misant sur le mariage de l’activité d’intégration de réseaux avec leur activité de base dans l’ingénierie électrique ou le câblage. Un groupe, tel GTM (ex-groupe Suez-Lyonnaise des Eaux), a développé un pôle multimédia multicompétences incluant le câblage (société VD-COM) et l’intégration de réseaux (FRS).
L’arrivée de groupes de services multinationaux
L’importance de ce pôle électricité, constitué d’Entreprise Industrielle, de GTMH, Delattre-Levivier et Entrepose, n’a pas échappé à Suez-Lyonnaise des Eaux, candidat à une licence UMTS et à qui il doit être rétrocédé alors que la maison mère, GTM, vient, elle, de fusionner avec Vinci (ex-SGE de Vivendi).Spie Trindel, qui a racheté Elona en 1999, a organisé son activité télécoms, qui est en forte croissance (plus de 40 %, soit 2 milliards de francs en 2000), en fédérant sous la marque Spie Netcom son offre de services dans les nouvelles technologies de la communication. GTIE (groupe Vinci) avait déjà rassemblé, en mars 1999, l’ensemble des compétences en matière d’intégration de réseaux dans Axians, dont le chiffre d’affaires, en 2000, devrait avoir atteint 320 millions de francs. Compte tenu de l’accélération des investissements des opérateurs dans la mise en place de nouvelles infrastructures, ces géants du BTP mènent de front une activité dans ce domaine et dans celui des réseaux privés d’entreprise.Les groupes étrangers de services informatiques aux ambitions internationales ont également été parmi les plus actifs. L’arrivée d’actionnaires ou de groupes à la puissance financière importante accélère cette internationalisation du service. Outre Telindus, et les hollandais Getronics (qui a racheté Wang Global Office) et Landis, deux groupes sud-africains aux dents longues émergent. Le premier, Dimension Data, s’est offert les activités de services en informatique et d’intégration de son compatriote Comparex, récupérant ainsi en France Nomea Communications. Le second, le groupe Datatec fait parler de lui en Europe. Sa filiale française s’appelle Datalan.En dépit des ambitions affichées, le marché français reste encore dominé – mais, pour combien de temps ? -par des intégrateurs de réseaux informatiques adossés à de puissants équipementiers. C’est le cas d’Alcatel, de Bull ou d’Unisys, dont le service – plus rémunérateur que la vente de systèmes – fait historiquement partie du c?”ur de métier.
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