Essence, diesel, hybride… la mort des moteurs thermiques vient d’être actée par les députés européens. Les 705 représentants des 27 états membres ont signé un acte de décès qui prendra effet le 1er janvier 2035. L’amendement qui proposait de conserver les véhicules hybrides rechargeables au-delà de cette date a été rejeté. Les constructeurs automobiles ont donc à peine treize ans pour basculer leur flotte à l’électrique, puisqu’à compter de cette date, il leur sera tout simplement interdit de vendre des voitures thermiques, même hybrides, sur le sol européen. Cette mesure ne concerne que les voitures neuves vendues en Europe. Bien évidemment, les véhicules immatriculés avant la date fatidique pourront continuer à rouler bien après et les constructeurs qui souhaiteraient poursuivre le développement de véhicules thermiques auront aussi la possibilité de les commercialiser dans le reste du monde.
Une décision européenne avant tout
Si l’urgence de la mesure ne fait pas débat, il en ressort que le vote a été tout sauf une formalité, les différents états européens ayant des positions assez différentes sur la question. Les pays dont les constructeurs automobiles sont le moins préparés à la transition électrique ont fait le forcing pour que la date soit repoussée de quelques années, plaidant un déséquilibre avec les législations américaine et chinoise. En effet, aux États-Unis, il n’est pas encore question de contrainte. Joe Biden a simplement fixé un objectif de 50 % de véhicules zéro émission vendus en 2030. Quant à la Chine, elle n’a pas encore pris d’engagement alors même que la transition vers le tout électrique profite à son économie.
Pour aboutir à une mesure aussi contraignante, les eurodéputés se sont appuyés sur des chiffres. D’après les données 2019 du Parlement européen, les transports seraient responsables de 30 % des émissions totales de CO2 sur le territoire européen. Sur ce total, 72 % proviendraient directement du transport routier et les voitures personnelles seraient responsables à hauteur de 60,7 % de ce total. Dès lors, l’objectif de Bruxelles est clair : atteindre la neutralité carbone en 2050 et pour y parvenir, la réduction de 100 % des émissions de véhicules neufs à partir de 2035 parait la voie la plus accessible.
Des répercussions sociales à venir
Le vote en séance plénière qui a eu lieu aujourd’hui n’est que la première étape d’un processus plus long. Un second vote, celui des états membres, doit avoir lieu en juin pour que le texte soit définitivement adopté fin 2022. Ce qui est certain, c’est que cette décision marque un tournant historique pour l’industrie automobile. Celle-ci est sommée de se renouveler en profondeur et en un temps record. Et si l’aspect technique de ce changement semble à la portée d’une majorité des acteurs du marché, ceux-ci n’oublient pas d’indiquer que cette marche forcée pourrait avoir des conséquences sociales désastreuses. Selon Marc Montreux, directeur général de la Plateforme automobile et mobilités (PFA) qui s’est confié à nos confrères de Libération, il faudra compter avec 100 000 suppressions d’emploi dans la filière thermique d’ici à 2035. Afin de faire face aux répercussions sociales de cette mutation, un fonds de transition sera mis en place pour les salariés de l’industrie automobile, notamment les équipementiers.
Bien que l’adoption du texte ne soit pas définitive, ce premier vote, le plus sensible, marque une dynamique qui parait difficilement réversible. Si le 8 juin ne peut pas être considéré comme le jour où le moteur thermique est mort en Europe, il en a l’allure de sa veillée funèbre.
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