L’école des business angels ouvrira ses portes à Melun, en Seine-et-Marne, le 4 avril prochain. Moyennant 100 euros (656 francs), les particuliers qui désirent participer à la création d’entreprise pourront suivre cette unique journée de formation. Au programme : le cycle de vie complet du métier, depuis la maîtrise des outils de financement jusqu’aux perspectives de sorties… Bref, comment devenir business angel en quelques leçons.
Fédérer les investisseurs
Créée sous l’impulsion de France-Angels, une association à mission promotionnelle, l’opération devrait être renouvelée prochainement dans d’autres régions de France. L’association, qui soufflera en avril sa première bougie, se propose de fédérer ces investisseurs financiers de la première heure. Elle regroupe aujourd’hui 33 réseaux représentant, en tout, un millier de personnes environ. “Nous n’avons pas de vocation commerciale. Nous désirons créer un réseau des réseaux. Bref, être aux business angels, ce que l’Afic [Association française des investisseurs en capital-risque, ndlr] est aux capital-risqueurs”, commente son créateur André Jaunay, lui-même à l’origine du réseau régional d’investissement Invest’ Essor.L’initiative est symptomatique du moment critique que traverse la profession, qui cherche à se structurer pour passer l’écueil de la morosité économique. Selon le propre relevé de la profession, ces hommes de l’ombre seraient aujourd’hui entre 2 000 et 3 000 dans l’Hexagone. L’e-krach d’avril 2000 ne les aurait pas décimés, même si le métier compte toujours 10 fois moins de représentants qu’au Royaume-Uni.
Miser en père de famille
Aux dires de l’ancien directeur du département entreprendre d’HEC, Etienne Krieger, “les opportunistes qui croyaient faire de l’argent facile en ont été pour leurs frais. Les cadres supérieurs qui investissaient leurs économies ont aujourd’hui déserté la place. Ils y ont perdu leur chemise. Mais on ne pouvait clairement les apparenter à de vrais “business angels”, qui, eux, apportent une dimension de conseil stratégique. Le vrai “business angel” est prudent : en bon père de famille, il n’investit que 10 % de sa fortune dans les projets à risque et place le reste en assurance-vie.”En réponse à ces épreuves, le mouvement de regroupement des business angels tend donc à s’accélérer. Des réseaux disparates sont apparus sur le territoire, allant de la simple association d’anciens élèves aux clubs d’investissements. Parmi les plus professionnalisés, on note Coach’ Invest, une association de 54 entrepreneurs, ou encore Leonardo Finance, une association d’investisseurs comptant quelque 700 membres. Et puis la profession tient salon depuis 4 ans déjà, avec le Monte Carlo Business Angels Forum qui accueille annuellement une centaine d’investisseurs privés.
Doutes de francs-tireurs
Nouvelle marque d’institutionnalisation, l’initiative de France-Angels, globalement saluée par ses pairs, suscite néanmoins, ça et là, des grincements de dents.De fait, le programme de l’association exclut les investisseurs aguerris, et surtout cadre mal avec le caractère en principe “franc-tireur” de ces financiers. “Les “business angels” sont, par nature, d’esprit très indépendant. Ils aiment diriger leurs affaires par eux-mêmes. Certes, ils forment aussi souvent des petits groupes, dans lesquels les anciens éduquent les nouveaux entrants. Mais, de là à retourner sur les bancs de l’école …”, ironise Yves Delacour, président de Leonardo Finance.Pour d’autres, l’association se trompe de cheval de bataille : le remède à leur faiblesse intrinsèque, en France, serait fiscal. Jean-Louis Schmitlin, PDG de Parsys, SSII cotée sur le Second Marché, par ailleurs directeur général du groupe d’entrepreneurs Croissance Plus et business angel à ses heures, conseille “vivement aux politiques de revoir leur copie de l’impôt sur la fortune. Sans le supprimer, nous désirions voir appliquer une réduction de l’ISF [Impôt de solidarité sur la fortune] pour les personnes investissant dans la création de sociétés innovantes.” Un avis partagé par Yves Delacour qui note que nombre d’investisseurs s’expatrient en Belgique, à l’heure de solder les participations dans les sociétés de leur portefeuille. Bref, France-Angels n’aura pas à enseigner que lanalyse financière…
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