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Un supercalculateur clés en main

Quand le Mac vient aider les chercheurs en mal de puissance de calcul…

Les huit machines sont alignées et interconnectées. L’air anxieux, Dean Danger, étudiant en informatique à l’Université de Californie à Los Angeles (UCLA), charge le modèle de calcul, sous le regard attentif de ses pairs et de Viktor, son directeur de recherche. Les deux hommes sont les véritables pères de ce projet, baptisé Apple Seed. Ensemble, ils ont développé la pièce manquante qui permet d’utiliser jusqu’à 16 Power Macintosh G4 simultanément pour la réalisation d’un calcul mathématique complexe, comme la simulation en trois dimensions du comportement électrostatique des particules.”On l’a fait pour voir si ça marcherait, raconte simplement Viktor Decyk, directeur d’une unité de recherche en physique de UCLA. Pour réaliser nos calculs, il fallait soit faire appel à une autre division de l’université, soit mettre au point notre propre technique de calcul distribué. Le Macintosh est le seul ordinateur qui ne nécessite pas une phase complexe de mise en ?”uvre lorsque l’on veut partager un calcul entre plusieurs machines. “D’après les chercheurs, le système d’exploitation contenait déjà les briques de base pour mettre en ?”uvre une telle application. “ Il nous a suffi de développer le composant manquant “, explique à son tour Dean Dauger.Baptisé MPI, ce module se charge d’effectuer les calculs en parallèle et d’en collecter les résultats. Plus rapide, selon les résultats publiés par l’université, qu’un petit supercalculateur Cray T3-900 ou qu’une station SGI, un groupe de 8 Power Macintosh G4 à 500 mégahertz s’est ainsi montré capable d’effectuer en un peu moins de vingt secondes une simulation autrefois réservée à des supercalculateurs de haut de gamme.

L’intérêt pour les petits groupes de recherche et les laboratoires universitaires est énorme

L’expérience, commencée “pour voir ” prend désormais les atours d’une grande aventure. Dean, l’étudiant qui a planché sur le logiciel de calcul parallèle, et Viktor, son professeur, partagent aujourd’hui leur temps entre les démonstrations dans les universités du monde entier (la dernière a eu lieu en Allemagne, à l’école internationale de simulation spatiale de Garching), la mise sur pied d’une start-up qui commercialisera la technologie aux entreprises et, enfin, de nouvelles expériences.Sur le site web créé autour du projet Apple Seed, un nouveau record s’affiche. Les étudiants en informatique de l’université de Lisbonne avaient jusqu’ici le plus gros ” cluster “, soit la puissance additionnée de 16 machines. Depuis août, ils ont été ” battus ” par les 25 machines alignées par l’unité de recherche en physique de UCLA.” L’intérêt pour les petits groupes de recherche et les laboratoires universitaires est énorme, justifie Viktor Decik. Dans bien des cas, seules les classes d’informatiques disposent des capacités de calcul pour vérifier leurs hypothèses et progresser dans leurs recherches. Pour les autres disciplines, il faut souvent faire appel à des supercalculateurs que l’on partage entre plusieurs universités. Cela signifie que l’étudiant doit pouvoir justifier du bien fondé de son hypothèse face à un comité scientifique avant d’obtenir un temps de calcul sur ledit supercalculateur. Disposer d’un tel outil en classe est un avantage unique pour les travaux pratiques avec les étudiants. C’est la première fois que l’on peut utiliser des techniques aussi avancées que la modélisation 3D de particules physiques comme support de cours.“Une découverte en forme de marché potentiel, qui a finalement attiré l’attention d’Apple, bien que le constructeur n’ait aucunement participé au projet initial. ” Je sais qu’ils [Apple, ndlr] sont en train de refaire l’expérience chez eux, lâche Viktor sans enthousiasme. Ils vont pouvoir montrer cela à leurs clients.

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Paul Philipon-Dollet