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Un supercalculateur a réussi, pour la première fois, le test de Turing

Créé par un chercheur russe, le programme « Eugene » est capable de dialoguer de façon étonnamment humaine. Confronté à un jury, il a fait croire avec succès qu’il était un garçon âgé de 13 ans. Une première.

C’est une nouvelle étape dans l’histoire de l’intelligence artificielle. Pour la première fois, un ordinateur a passé le « test de Turing », à l’occasion d’un concours organisé par l’université de Reading (Royaume-Uni). Imaginé par le célèbre mathématicien britannique Alan Turing en 1950, ce test vise à évaluer la faculté à imiter la conversation humaine. Un jury est mis en confrontation verbale avec un ordinateur et un humain, les échanges se faisant à l’aveugle. Si, au bout d’une série de conversations de cinq minutes, les membres du jury ne sont pas capables de distinguer l’humain de la machine dans plus de 30 % des réponses, alors le test est réussi.

Samedi dernier, le supercalculateur Eugene Goostman a dépassé pour la première fois cette limite, en trompant le jury dans 33 % des cas. Créé par l’informaticien russe Vladimir Veselov, ce programme avait déjà atteint un taux de réussite de 29 % en 2012. Désormais, c’est donc la consécration. Selon l’université, il s’agit là d’une « étape historique dans l’intelligence artificielle ». « Il n’y a pas de jalons plus emblématiques et controversés que le test de Turing, quand un ordinateur arrive à faire croire à un nombre suffisant d’interrogateurs qu’il n’est pas une machine mais est un être humain », a déclaré Kevin Warwick, professeur à l’université de Reading dans un communiqué.

Eugene fait semblant d'être un vrai garçon.
Eugene fait semblant d’être un vrai garçon. – Eugene fait semblant d’être un vrai garçon.

Eugene a trompé le jury en se faisant passer pour un enfant de 13 ans. Pour son créateur, cela avait l’avantage d’évacuer les problèmes liés à la connaissance et de se concentrer sur les aspects humains d’une conversation. « Notre idée principale était qu'[Eugene] pouvait prétendre ne rien savoir, ce que son âge rend parfaitement raisonnable. Nous avons passé beaucoup de temps à développer un personnage avec une personnalité crédible. Cette année, nous avons amélioré le contrôleur de dialogue qui rend la conversation beaucoup plus humaine, comparé aux programmes qui ne font que répondre aux questions », explique Vladimir Veselov, dans un communiqué.

Robots et cybercriminalité

Evidemment, si une machine est capable de dialoguer presque comme un humain, cela ne signifie pas qu’elle sache penser. Néanmoins, cette performance peut avoir impact à court terme pour la société, et notamment dans le domaine du cybercrime. « Un ordinateur qui peut tromper un humain en lui faisant croire que c’est une personne de confiance est une source d’inspiration pour le cybercrime. Le test de Turing est un outil essentiel pour lutter contre cette menace. Il est important de mieux comprendre comment la communication de ce type, en ligne et en temps réel, peut influencer un individu humain de telle sorte qu’on leur puisse faire croire que quelque chose est vrai … alors qu’en fait il ne l’est pas », souligne Kevin Warwick.

Mais il y a aussi des applications très utiles. Savoir dialoguer comme un humain permettrait aux robots d’être mieux acceptés dans les interactions quotidiennes, que ce soit dans le cadre d’un centre d’appel ou au travers d’un robot humanoïde personnel tel que Pepper.

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Gilbert Kallenborn