Où se trouve le supercalculateur capable de stocker deux millions de gigaoctets de données (2 petaoctets), d’effectuer 40 000 milliards d’opérations en calcul flottant par seconde (40 teraflops) et de transmettre les
résultats de ses calculs à 30 gigaoctets par seconde ?Réponse : nulle part.Pourtant ce supercalculateur existe bel et bien. On peut s’y connecter et lui demander d’analyser une séquence d’ADN. Mais on ne peut pas le prendre en photo. La raison est simple, ce supercalculateur ?” appelé
TeraGrid ?” est une grille. Une grille de calcul pour être précis. C’est-à-dire une somme de calculateurs qui travaillent en réseau.Le principe n’a rien de nouveau. Les utilisateurs de Seti@Home le connaissent bien. Ce logiciel, qui s’installe sur un simple PC, analyse des mesures astronomiques, pour la recherche d’extraterrestres. Les données sont envoyées par un
serveur central aux PC de chacun des participants, traitées, et les résultats sont retournés au serveur.Si Seti est considéré par certains scientifiques comme un énorme gâchis de puissance de calcul ?” aucun extraterrestre n’a été découvert alors que des milliers de PC représentant 100 teraflops moulinent depuis des
années ?” le TeraGrid est, lui, justement conçue par et pour des scientifiques.La construction de cette grille a été achevée en septembre 2004, après quatre années de travaux ; elle relie aujourd’hui neuf sites américains (principalement des universités), en Californie, au Texas, dans l’Illinois.
Et, il y a quelques jours, le TeraGrid a reçu 150 millions de dollars de la National Science Foundation, ce qui lui permettra de fonctionner pendant les cinq prochaines années. Les scientifiques américains peuvent se réjouir car le
TeraGrid est la grille de calcul conçue pour les chercheurs la plus puissante du monde (mais elle est battue par certains supercalculateurs centralisés comme le Blue Gene, d’IBM, qui a atteint en mars dernier le record de 135 milliards
d’opérations en calcul flottant, soit 135 téraflops).Ils pourront donc s’y connecter pour, entre autres,
analyser des séquences de protéines,
trouver l’origine de rayons cosmiques,
ou encore analyser les modifications de la structure du cerveau chez des patients atteints de la maladie d’Alzheimer.Bien entendu, la TeraGrid est réservée aux scientifiques américains ou ou à ceux travaillant pour le compte de laboratoires américains. Les scientifiques européens eux, n’ont plus qu’à se désoler qu’aucun projet d’une telle ampleur
n’ait été lancé en Europe. Certes, le Cern est bien doté d’une grille de calcul pour la construction de son nouvel accélérateur de particules, mais elle ne rivalise pas avec la TeraGrid…* Rédacteur en chef délégué de l’Ordinateur IndividuelProchaine chronique mardi 20 septembre
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