“ C’est un beau joujou, on se croirait au Futuroscope. ” Au centre d’entraînement de Marcoussis, Dimitri Szarzewski, le talonneur du XV de France, admire un étrange scarabée d’une tonne et de 20 m2 de surface au sol. Ses équipiers des lignes avant et lui-même devront désormais l’affronter régulièrement lors des entraînements. “ Dans un premier temps, on est un peu soucieux, car c’est un outil de pointe et on a peur d’une erreur de manipulation qui mettrait une trop forte pression, reconnaît-il, mais ce sera sûrement un bel outil d’entraînement ”.La bête curieuse est un robot simulateur de mêlée, officiellement inauguré le 4 juin dernier par la Fédération française de rugby (FFR). Développée en partenariat avec le CNRS et le groupe Thales, spécialisé dans l’aérospatial et la défense, la machine a deux objectifs : mieux préparer les matchs du XV de France et éviter les blessures à répétition lors des entraînements. Son principe ? Elle “ reproduit avec le plus fidèlement possible la mêlée avec tous ses impondérables ”, selon l’entraîneur des avants du XV de France, Didier Retière, à l’origine du projet.
Une technologie de pointe
À la différence du joug d’entraînement traditionnel, plus statique, la plate-forme du simulateur bouge dans toutes les directions, d’avant en arrière, de haut en bas, de droite à gauche et vice-versa. Dans ses entrailles, 1 000 capteurs au total, capables d’encaisser individuellement jusqu’à 1,4 tonne de poussée et de détecter les pressions exercées au gramme près. L’entraîneur peut se servir du robot de trois façons différentes : comme un joug simple, mais plus confortable pour les joueurs ; en libérant les vérins et en la laissant réagir aux poussées des joueurs ; ou en la contrôlant avec un joystick pour recréer des attitudes spécifiques à telle ou telle équipe adverse. Relié à un ordinateur, le simulateur enregistre tous les mouvements de la séance d’entraînement et peut les reproduire à l’identique à la session suivante. L’équipe nationale de rugby ne sera pas la seule à en profiter. La FFR prévoit déjà de recalibrer l’appareil pour l’adapter aux équipes juniors et féminines. Elle compte aussi permettre aux clubs de s’entraîner dessus.
D’autres applications
Si le fonctionnement et le coût du prototype demeurent confidentiels – cette machine a été conçue à partir d’un simulateur militaire de char d’assaut –, sa commercialisation à des équipes étrangères n’est pas exclue. En Angleterre, le XV de la rose développe d’ailleurs un projet similaire à l’université de Bath. D’autres applications sont à l’étude, pour la rééducation médicale par exemple ou afin de prévenir les chutes chez les personnes âgées. Les sports de combat avec beaucoup de contacts, tels que le judo ou la lutte, pourraient également être intéressés.Le prototype de la FFR s’inspire, à l’origine, d’un simulateur de poids lourd conçu par Thales. Comme celui-ci ne convenait pas, c’est finalement un simulateur de char, plus maniable, qui a servi à sa conception. Le robot final pèse une tonne. Une simple pression de l’index suffit pour le faire bouger.Entre les mains de l’entraîneur des lignes avant du XV de France, le simulateur de mêlée devient une bête docile. D’un simple joystick, Didier Retière dirige l’engin et peut faire travailler ses joueurs sur des actions spécifiques pendant tout ou partie des séances de 1 h à 1 h 30 qu’ils passeront face à la machine.Si le joug mécanique habituel est parfait pour le renforcement musculaire des joueurs, il ne permet pas de retrouver les sensations éprouvées lors d’une vraie mêlée. Le robot-simulateur, conçu par le CNRS et Thales pour la FFR, permet de simuler la mêlée d’une équipe adverse précise.Bardé de capteurs, le simulateur enregistre les réactions des joueurs et reproduit leurs mouvements d’une séance sur l’autre. Dans l’attente de pouvoir simuler les caractéristiques techniques d’équipes adverses ou de permettre à deux équipes de s’affronter en direct par simulateurs interposés grâce à la téléconférence.
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