Dans son bureau, Anil Pereira, Executive Vice President et directeur général de Verisign, exhibe volontiers son manuel des acquisitions. L’homme qui, avec Dana Evans, la directrice financière de la société, a mené la plus grande part des opérations de fusions-acquisitions de Verisign, a de quoi être satisfait : “Nous sommes des chefs de cuisine qui avons inventé une recette, et maintenant, nous en connaissons exactement les ingrédients et la manière de les préparer.” En quelque 250 pages, les top managers de la compagnie de Mountain View ont résumé les principales phases à décliner lors d’un rachat. Avec dix acquisitions importantes réalisées en 2001, l’ouvrage devenait nécessaire. Il détaille en trois chapitres (pré-acquisition, phase d’audit, ou de due diligence, et phase d’intégration), les principaux points à prendre en compte lors d’une acquisition, de l’évaluation des conflits d’intérêts à l’intégration de la base clientèle en passant par les considérations antitrust.“Certaines de nos acquisitions ?” les stratégiques ?” avaient pour but d’obtenir des compétences supplémentaires. D’autres étaient tactiques, pour élargir notre base de clientèle”, détaille Anil Pereira. À sa création, Verisign n’avait qu’une seule activité, centrée sur la production de certificats électroniques et la PKI (Public Key Infrastructure). En moins de deux ans, elle a créé trois nouvelles activités par rachats. En janvier 2000, elle réalise, pour 840 millions de dollars (958 millions d’euros), l’acquisition de Signio, qui a développé une plateforme de paiement en ligne à l’usage des cybermarchands. Puis, en juin 2000, le mouvement s’accélère. Verisign s’offre Network Solutions pour 21 milliards de dollars afin de créer un troisième centre de profits : la gestion et la vente de noms de domaine. Enfin, la quatrième activité ?” les télécoms ?” est créée en septembre 2001, avec l’annonce de l’acquisition d’Illuminet pour 1,2 milliard de dollars.
Une domination à asseoir
En parallèle, Stratton Sclavos réalise d’autres acquisitions ?” tactiques, celles-ci ?” pour accroître sa base de clientèle. Ainsi, sa société a doublé ses parts de marché sur les certificats électroniques SSL en rachetant le Sud-Africain Thawte en février 2000 pour 545 millions de dollars, et élargi son emprise sur les noms de domaine en reprenant Dot TV Corp en décembre 2001 pour 45 millions de dollars, ajoutant aux “.com “, ” .net ” et ” .org” la gestion des “.tv”. En tout, près d’une vingtaine d’opérations ont été recensées par Le Nouvel Hebdo pour près de 25 milliards de dollars, soit quatre fois la capitalisation boursière actuelle de Verisign. Et c’est justement grâce à cette capitalisation boursière que la plupart des acquisitions ont été effectuées : Verisign rachète quasiment toujours par échange de titres. Il faut dire qu’avec un cours qui est monté jusqu’à 258 dollars en février 2000, la société a eu les moyens de ses ambitions, et les a encore : son titre côte 30 dollars environ, ce qui lui permet toujours d’acquérir en papier. Quitte à faire chuter son cours, comme lors du rachat de Network Solutions qui, malgré la bulle internet en cours en juin 2000, avait été jugé trop cher payé. Le cours avait alors été divisé par deux, en pleine folie dot-com.Du fait de sa réputation de “serial-merger” (” racheteur en série “), Stratton Sclavos a reçu plus d’une centaine de propositions de rachat au cours du premier semestre 2001. Mais l’homme a des critères très stricts : les entreprises acquises doivent disposer d’une technologie unique, accroître la base clients de sa société et s’inscrire dans sa stratégie d’expansion internationale. “Cette année, nous ne visons plus d’acquisitions stratégiques, précise Anil Pereira. Mais vous allez voir de nouveaux rachats qui vont augmenter notre part de marché. Ils porteront sur les segments du Digital Brand Management et du conseil réseau et sécurité. Aujourd’hui, cette dernière activité est présente exclusivement aux États-Unis. Mais nous comptons bien l’exporter à l’international.”
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